© PETEr BiALOBrzESki
Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris Val-de-Seine 3 quai Panhard et Levassor 75013 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
Exposition ouverte du lundi au samedi de 11h à 19h (sauf jours fériés).
Pour tout renseignement, contacter le 01.72.69.63.00.
Peter Bialobrzeski, documente et interprète la transformation du paysage urbain dans des différentes parties du monde de manière systématique et avec une approche presque topographique depuis plus de vingt ans. Ses œuvres constituent une sorte d’archive critique du présent, important du point de vue sociologique, urbain et artistique.
Bialobrzeski s’intéresse souvent au phénomène asiatique et à son développement économique sans précédents, porteur d’une grande homogénéisation du paysage urbain de Shangai à Dubai. Bialobrzeski documente autant la naissance d’un nouveau monde que les tentatives de résistance du précédent, de ses images émergent des étendues de tours géantes et de kilomètres de néons qui engloutissent tout, dans une sorte de nuit américaine où baraques et maisons vouées à l’abandon font figure de décors de theatre oubliés entre deux scènes.
De ses différents travaux semble surgir une mégalopole virtuelle, synthèse imaginaire de plusieurs grandes villes. Mégatropolis née d’un rêve futuriste, emphatisée et au même temps stigmatisée par la façon de la photographier de Bialobrzeski, qui travaille souvent au crépuscule, avec un appareil photo 4 x 5 et des expositions longues, qui peuvent durer jusqu’à quatre minutes. Temps qui fait disparaître aussi les rares présences humaines, rend les villes désertes ou traversées par des fantômes, en exalte la démesure et les détails.
© Peter Bialobrzeski
La fascination exercée par la modernité et l’audace d’une architecture qui semble ne pas connaître les limites des lois physiques, n’efface pas les problèmes de comment habiter dans des villes - scénographies du mode de vie de notre temps - qui répondent davantage à des logiques visionnaires qu’aux réalités quotidiennes et en dissonance parfaite avec un passé toujours présent. Nouveaux empires urbains, où l’habitat extérieur et intérieur est destiné à accueillir des populations toujours plus vastes dont l’espace de vie individuel progressivement se réduit
et normalise.
Les rares présences, réduites à la taille de créatures lilliputiennes, semblent symboliser l’attention très relative vers l’homme dans la nouvelle organisation urbaine. Dans des décors dominés par l’absence de la nature et par sa représentation/transposition en formes artificielles de végétation. Où la froideur et l’austérité de l’acier, des parois en verre et en miroir s’accompagne parfois d’éléments incongrus, d’ornements fantaisistes et vaguement baroques aux inattendus
tons pastel, qui rappellent l’univers fantastique des films de Tim Burton.
Entre documentation, dénonciation et fascination, Peter Bialobrzeski crée un monde d’une beauté effrayante. Dans des nocturnes vertigineux, il exalte et rend irréels des étendues de gratte-ciel, vanités d’un modernisme effréné, qui se dessinent contre le ciel, lorsque les dernières lueurs du jour font vibrer les néons fluorescents.
Laura Serani
© Peter Bialobrzeski