Posture © Moussa Sarr.
Galerie Martine Thibault de la Châtre 4 rue de Saintonge 75003 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
C’est l’agitation vaine d’une mouche prise au piège d’un destin auquel elle ne saurait se résoudre.
Les combats sont-ils fatalement perdus d’avance ? Ne reste-t-il qu’à en rire ? Mais où sont nos super-héros ?
Vidéaste-photographe-performeur, acteur et sujet principal de ses œuvres, Moussa Sarr dresse là une iconographie à la fois grave et burlesque qui témoigne d’une mythologie personnelle et d’histoires universelles comme autant de tragi-comédies pointant le drame des mascarades humaines, et mettant le corps – à la fois intime, social et politique – à l’épreuve.
Figures allégoriques, instincts animaux, postures irrévérencieuses, les œuvres de Moussa Sarr se présentent comme des fables sans morale dont lui même ne connaît pas la fin. La chute, ambiguë, reste libre d’arbitrage.
Liberta, 2009 © Moussa Sarr
Qui est derrière ces représentations ? Personne, un noir, un corse, un jeune artiste surtout faisant le pari au combien prétentieux de l’art comme moyen d’engagement, d’alerte des consciences et d’appel à l’insoumission. Du langage artistique qui, comme tout grand pouvoir, et pour reprendre les termes du vengeur masqué, « implique une grande responsabilité »1.
En revers : un questionnement sur l’exercice du pouvoir et les batailles qu’il suppose, une critique assumée vis à vis des préjugés de race, de sexe ou de caste aux conséquences manifestes, maux symptomatiques d’une époque en proie à la crise des valeurs et des représentations individuelles, sociales ou communautaires, des victoires non acquises, et en mal de justiciers...
Moussa Sarr présente ici un travail ancré dans la dérision mais aux résonances grinçantes, qui plus est dans le contexte actuel de révolutions, de montée des extrêmes et d’état d’urgence aux changements.
Zorro des arts à minorité visibles, Spiderman des causes en marge dont nous demeurons seuls juges, dans cette exposition l’artiste nous provoque en duel à travers des propositions plastiques qui interpellent là nos facultés au silence, à la riposte ou à la résistance, tout assumant le risque des échappées.
Leïla Quillacq
Autoportrait © Moussa Sarr