©Denis Dailleux.
Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône 20 rue Mirès BP 90098 13303 Marseille France
«Denis Dailleux est le digne photographe de l'Egypte qui vaut d'être aimée. Fragile et menacée, peut-être déja mourante, elle reçoit de son art un écrin d'une rare délicatesse, et surtout d'une grande intensité. Tout y est. Tout ce qui, si humain, si dense et généreux, contraste avec le grand musée parisien ou l'une de nos villes mortes. (...) Tout ce qui, soudain, fait chavirer d'émotion, trouver beaux les paysages, les rues et les passants que l'on croise. Tout ce qui fait aimer encore l'Egypte.»
Alain Blottière
Avec Egypte, claire et obscure, Denis Dailleux nous entraine à travers les dédales des ruelles du Caire, dans le quartier historique des palais et des mosquées aujourd’hui habité par une population modeste. Du désir impérieux de saisir la vie au hasard des croisements et des regards, Denis Dailleux nous fait découvrir l’effervescence de la rue et nous fait glisser dans les coulisses des scènes mythiques et quotidiennes que sont les cafés cairotes. S’y dévoilent des visages, portraits sublimes d’hommes simples, mis en scène dans des tableaux vivants.
©Denis Dailleux.
La photo montre un peuple mélancolique et joueur dont la douceur résonne à travers les murs d’une ville habitée par les pratiques et la ferveur religieuse musulmane et copte. La dramaturgie des scènes extérieures, du monde de la rue, des fêtes et des cafés se prolonge dans l’obscurité rafraichissante des maisons, espaces intérieurs et intimes.
Le temps des déambulations s’arrête aux jours d’insurrection qui faucheront, dans la fleur de l’âge, des jeunes gens en révolte. De cela aussi, Denis Dailleux s’est voulu le témoin et a souhaité leur rendre un hommage pudique.
©Denis Dailleux.
Il y a des séries photographies dont le regard ne se lasse pas - pour leurs ambiances, leurs douceurs et le monde qu’elles évoquent. Les séries égyptiennes du photographe Denis Dailleux font parti de celle là. Nous entrons ainsi dans son univers : une vision intime de l’Egypte. Un travail en marge du temps où seule l’alchimie des rencontres créé le sujet.
L'artiste réalise les portraits des gens qu'il rencontre et avec lesquels il entend poursuivre des échanges en écoutant le récit de leur vie, puis engage ce qu'il appelle un "partage photographique". Chacun de ces portraits est le fruit d'une histoire particulière que le photographe a nouée avec les personnes représentées et dont certaines font, à présent, partie de son univers proche.
©Denis Dailleux.
Dans un dépouillement volontaire de l'image, ces portraits sont souvent frontaux, réalisés au 6x6, avec un temps d'approche et de pose suffisant pour que l'auteur se concentre sur le regard : "là où le don peut se faire", selon ses mots. Parfois, les figures semblent habiter totalement l'image, d'autres fois, elles sont présentées dans des espaces choisis qui peuvent être leurs lieux d'habitation, de travail ou de passage.
Denis Dailleux réalise de plus en plus de vues d'ensemble : des images de familles, des photographies de rue. Lumières, couleurs, cadrages traduisent des ambiances et des détails qui témoignent de la vie réelle égyptienne. Tout en affichant un certain classicisme formel, l'auteur nous propose un portrait inédit de cette ville du Caire, sans désir d'établir des thèses socio-politiques ou ethnographiques. Denis Dailleux souhaite rendre compte de l'existence des "petites gens", d'un monde précaire et démuni, souvent exclu, voire interdit, des représentations officielles et de l'imagerie touristique.
©Denis Dailleux.