J. Cazelles - s. t. (Contre-plaqué
Galerie Jean Ségalat Galerie Jean Ségalat ° - Square Jean Ségalat. Decazeville 15h > 18h30. Fermé le lundi. Tél. 05 65 43 26 43
La Menuiserie 14, rue du 11 novembre F-12000 Rodez France
Galerie Sainte-Catherine Galerie Sainte-Catherine - 5, place Sainte-Catherine. Rodez 13h > 18h. Fermé le dimanche et le lundi. Tél. 05 65 46 69 63
Galerie Foch Place Foch. 12005 Rodez France
Traversée Lumineuse Hotel de ville de Rodez et deux rues piétonnes Rodez France
Musée Denys-Puech Place Clémenceau France
Ecole de musique CRDA 10, place Sainte-Catherine. 12000 Rodez France
Espace Culturel Rignac Place du Portail Haut. Rignac France
Espace Culture Millau Jardins de la Mairie Millau France
L'envers du décor
Si avec l'avènement de l'optique, ce sont les notions d'observation et de regard mêmes que se sont trouvées bouleversées, et avec elles un nouveau rapport au monde qui s'est imposé, la photographie a achevé sans nul doute cette mutation du visible : comment ne pas voir en effet que la variété des objectifs a démultiplié les points de vue possibles, faisant du réel une réalité toute relative... et faisant dès lors vaciller la représentation du monde dans le problématique domaine de l'apparence et du trompe l'oeil où tout est question de focalisation et d'incidence de la perception !
Mais si la photographie artistique est ce qu'elle est, c'est justement parce que l'auteur est acteur par cet œil qu'il dirige avec précision, et parce que l'acteur est artiste par le geste qui concrétise la créativité. Le photographe n'est pas victime, donc, ni du simple hasard, ni de la technique : il est l'entêté lucide qui refuse le conditionnement par le medium pour ajuster et assujettir l'appareil à son regard dans son auscultation du monde, et traduire la révélation qu'il a eue sur le papier.
Qui peut donc être plus réceptif à la fragilité de l'authenticité, aux méprises de la prétendue objectivité autant qu'aux dangers de l'absolue subjectivité, que celui qui regarde à travers un prisme ? Qui est à même – paradoxalement !- de traquer le réel, dans une quête où l'enjeu n'est pas de montrer ce que tout le monde voit, mais ce que l'on n'a pas vu ou que l'on aurait pu voir ?
Le photographe bien évidemment...
L'habitué des effets d'optiques et de la dissonance visuelle...
Marginal de l'autre côté du miroir, dans l'instant et parallèlement en dehors de celui-ci, tout prêt mais à distance, le photographe peut se permettre de regarder ailleurs, à côté, derrière, vers les coulisses d'un monde spectaculaire même quand il n'est pas théâtral. Car, de la manière brute à la scène sociale élargie, de l'objet dans sa trivialité à l'individu dans sa complexité, au cœur d'un monde en perpétuelle recomposition et dans lequel la prolifération des images construit un univers virtuel peuplé de faux-semblants, tout est potentiellement décor, personnage, histoire, tout est possible illusion. En somme, tout est spectacle.
Et face à cela, le photographe ne peut que nourrir son travail de l'intuition, sinon de la conscience, que, pour bien comprendre ce théâtre du monde, il faut oser passer de l'autre côté du rideau pour cerner la mécanique du monde. Cocteau disait que l'écrivain doit être celui qui « décalque l'invisible », qui « donne des contours » à l'informel.
Effectivement, une part de la vérité est ailleurs... dans l'envers du décor !
Sylvain Lagarde.
François Deladerrière
"Nice et Savoie, un regard contemporain"
Galerie Foch
Rodez
Le point de départ de ce projet est le superbe ouvrage Nice et Savoie, commandé par Napoléon III pour présenter à la population ces nouveaux territoires rattachés à la France en 1860. Le livre, qui voit le jour en 1864 et qui se consulte aujourd’hui dans les archives départementales, contient 90 gravures en grand format des principaux lieux emblématiques des trois départements : Savoie, Haute-Savoie et Alpes-Maritimes.
Le parti pris de François Deladerrière est de traiter un sujet patrimonial sous un angle résolument contemporain. Il se base sur le principe de la reconduction, c’est-à-dire sur une confrontation rigoureuse entre la gravure du XIXe siècle et une photographie réalisée, aujourd’hui, de ces mêmes points de vue, afin d’établir une étude comparative du paysage. Ce travail l’a conduit à se poser différentes questions : Comment les paysages ont-ils évolué ? Quelle part d’imaginaire le dessinateur a-t-il intégrée ? Que signifie représenter le paysage aujourd’hui ?
François Deladerrière, particulièrement pertinent sur la question du paysage, propose ici une série de photographies d’une finesse remarquable : la qualité de ses prises de vues réalisées à la chambre et le soin avec lequel il s’est efforcé de confronter gravures du XIXe siècle et paysage du XXIe siècle témoigneront longtemps de l’évolution du paysage depuis le rattachement de 1860.
Les images de l’exposition ont été réalisées à l’occasion du 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France et ont donné lieu à l’édition d’un livre, Nice et Savoie, un regard contemporain (Actes Sud, mai 2010). Cet ouvrage et l’exposition ont bénéficié du soutien de l’Assemblée des Pays de Savoie.
Port de Nice + Grave © François Deladerrière
Bertrand Gadenne
"Les intrus"
Traversée lumineuse / Hôtel de Ville et rues piétonnes
Rodez
Bertrand Gadenne développe un travail dans lequel la vidéo invite le spectateur à retrouver au détour d’une rue, un émerveillement depuis longtemps oublié : celui de la matérialisation d’une image projetée. En concevant des dispositifs lumineux insolites et spécifiques à des éléments naturels dont il suscite l’apparition, il crée des situations empreintes d’un caractère magique et propices à une méditation sur les liens à la fois techniques et poétiques que son œuvre tisse entre « la nature des choses » et le fragile miracle de leur visibilité.
La simplicité apparente de ces images survenant telles de véritables apparitions, entre rêve éveillé et matérialisation de l’insolite, constitue une proposition radicale et passionnante. Il utilise le principe de la projection vidéo afin d’affirmer la prise en compte de l’apparition fictionnelle de l’image en fonction du contexte architectural et de l’investissement de l’espace public qui devient le théâtre d’étranges apparitions nocturnes. On est ici proche des dérives surréalistes, dans l’errance urbaine et architecturale où l’apparition devient une construction mentale, une matière à réflexion...
Olivier de Sagazan
"Transfiguration"
Musée Denys-Puech
Rodez
Peintre, sculpteur, performer, photographe, Olivier de Sagazan fait de son corps le sujet de son œuvre depuis 10 ans. Il lui fait subir d’étranges métamorphoses qu’aucun miroir ne pourrait refléter.
La série «Transfiguration » n’est pas seulement une trace de la performance du même nom ; elle retranscrit plastiquement la performance elle-même au travers d’œuvres où peinture et photographie se mêlent intimement.
Le travail d’Olivier de Sagazan est le reflet de questionnements intimes; il donne à voir les jalons d’une quête existentielle.
« Je suis atterré de voir à quel point la plupart des gens ont l’air de trouver ça banal et normal d’être en vie ».
C’est en interrogeant le corps et sa représentation qu’il exprime sa fascination d’être un corps vivant, sensible, bientôt cadavre.
L’exposition est accompagnée de deux représentations de la performance au Musée Denys-Puech : Le samedi 6 octobre à 20 h 30 et le jeudi 25 octobre à 18 h 30.
Jean Cazelles
"Méprises & Faux-semblants"
Galerie Sainte-Catherine
Rodez
Après 45 ans d'une pratique toujours un peu rebelle, ma relation au médium photographique est devenue si passionnelle et si fusionnelle, que l'adversité constructive et jubilatoire qui pimente l’acte créatif finit par compter tout autant que l'exaltation que donne naturellement son aboutissement. Je parle bien sûr de mon approche de la photographie argentique comme matériau d'expression assurément contemporaine, à l'heure où cette pratique d'exception est réputée disparaître !
Ce procédé spécifique qui a toujours généré chez le nostalgique du geste pictural que je suis, le besoin récurrent de courtiser le support, fait naître aujourd'hui en moi, le désir de prendre un peu à revers l'objectivité supposée de la photographie. Sans totalement la gommer ni vraiment la mettre en défaut, sans renier un passé gestatoire déterminant, car tout sujet est digne d'intérêt, l'intercesseur photographe d'hier, devenu arpenteur de l’invisible, se plait à bousculer ici quelques certitudes. De son univers familier il n'a de cesse de scruter et de réactiver les fragiles strates palimpsestes, à l'affut de télescopages visuels les plus fortuits, les plus providentiels et les plus prometteurs d'ailleurs insoupçonnés.
Peu enclin à conceptualiser mais bien plus à produire, à défaut de reproduire, c'est avec la lumière et ses délicats accidents dont le noir est l'ultime trace, que je redistribue les rôles de l'inépuisable parade des matières. Autant de mises en exergue qu'il suffit de cristalliser dans cette autre matière - l'argentique - pour leur donner la réplique ; typicité conjuguée d'un dénouement et d'une image unique, comme un dernier clin d'œil de l'auteur au cadre spatio-temporel du théâtre.
Jean Cazelles
(Croûte d'affiches) © Jean Cazelles
Gérard Uféras
"Un pas vers les étoiles"
La Menuiserie
Rodez
Gérard Uféras cultive la beauté du secret comme un art du spectacle. Car il est au sens photographique du terme le révélateur de toutes les coulisses des plus grands opéras du monde, des défilés de mode, du Ballet national de Paris. Comme le souligne le directeur de cette mythique institution : « les images de Gérard Uféras, mettent en lumière ce que les coulisses cachent au regard et permettent de dévoiler la vérité des désirs et des sentiments,
les angoisses et les joies de ceux qui font vraiment naître et aboutir le spectacle ».
Car Gérard tel un peintre de la lumière en mouvement nous séduit toujours par l’émerveillement qu’il fait naître en nous devant ses photographies.
Il élève notre perception esthétique du monde de la danse vers une réelle émotion dont il garde le secret. Celui d’un professionnel – galant homme – toujours à même de se faire respecter, aimer – et désirer par tous les danseurs et danseuses – ravis de sa présence tout aussi discrète que superbement efficace...
Alain Mingam
Un pas vers les étoiles © Gérard Uféras
Coll. du Château d’Eau
"Les va-et-vient du regard"
École de Musique - CRDA
Rodez
Cette exposition a été constituée à partir de la collection du Château d’eau autour du thème « L’envers du décor ».
Si la plupart des photographies ont une dimension assertive, le photographe délivrant un message visuel, une grille de lecture qu’il projette sur le réel et que le spectateur se doit de décoder, parfois l’image se fait plus interrogative ou plus ambiguë. Fruit d’une attention flottante assumée par l’artiste qui nous donne à voir la réalité dans ses marges, dans les va-et-vient du regard, entre deux temps, à mi-chemin entre deux fragments de l’espace perçu.
Les artistes représentés ici explorent un langage singulier qui nous sort de nos habitudes de spectateur par des jeux, des dialogues entre champs, hors champ et contre champs, cadre dans le cadre, mises en abîme, ou par des appels à des dispositifs, subtiles mises en scènes, surimpressions, qui jettent le trouble en créant des allers-retours entre le réel et sa représentation. (Dominique Roux)
Photographies de :
Hervé Guibert, Eva Rubinstein, Jerry Uelsmann, Alberto Schommer, Agnès Varda, Francesc Catala Roca, Mohamed Bourouissa, Jürgen Nefzger...
Éric Lusito
"Traces de l’empire soviétique"
MJC
Onet-le-Château
Dans son premier projet «Traces de l’empire soviétique » Eric Lusito investit les modes de fabrication de l’histoire. Il a voyagé tel un archéologue à travers l’ancien monde soviétique, d’Allemagne de l’Est à la Mongolie et de la Pologne au Kazakhstan,
à la recherche de ces sites militaires qui incarnaient l’ambition et la puissance de l’URSS.
[...] Vingt ans après la chute de l’URSS, «Traces de l’empire soviétique » est un projet de longue haleine à la croisée du document et de l’art photographique et les images une réflexion sur le pouvoir et le passage du temps. Il est réalisé sous la forme de trois séries : les extérieurs, les intérieurs et les photographies trouvées, images d’un autre temps, d’un autre espace, d’un autre monde. Ces images nous questionnent via la photographie, procédé technique de représentation du réel, la ruine, processus physique de disparition et l’idéologie, procédure mentale de manipulation. Elles nous confrontent aussi avec le rôle de l’art et donc de l’artiste.
Anne Deguelle
"L’envers du récit"
L’Atelier Blanc
Villefranche-de-Rouergue
La série « Otage » de 1999 présentée ici, montre des vues fragmentaires d’aéroport. Une sorte d’attente indéterminée les innerve.
La technique utilisée renforce cette idée de flottement. Traitées à l’aide d’un film transparent noir et blanc fixé au dos d’un verre artificiel, elles ressemblent à des négatifs. Leur lisibilité n’est révélée que grâce à un arrière plan blanc. Une légère ombre portée trouble leur précision.
Les images sont flottantes.
Cette instabilité évoque les images de nos média, reportages dans lesquels une voix off commente ce qu’il est impossible de discerner.
Images indécises, supports de récits interchangeables, le spectateur devient otage à son tour.
Plusieurs versions de cette série sont montrées ici pour la première fois.
Otage 3, 1999 © Anne Deguelle
Sylvie Fontayne
"Flagrant délit"
Galerie Jean Ségalat
Decazeville
L’exposition de Sylvie Fontayne présente une suite de Polaroïds agrandis et tirés sur bâche.
Ces images nous dévoilent de simples petites choses considérées souvent comme insignifiantes et banales et qui pourtant reconstituent peut-être plus que d’autres des souvenirs d’enfance, intimes, collectifs, universels.
L’univers photographique de Sylvie Fontayne est peuplé de visages, de silhouettes, de jouets et d’icônes ludiques, nous renvoyant à nos propres sensations, à notre propre sensible.
Un de ses désirs est que chacun puisse se retrouver dans ses images emplies de souvenirs, mélange de jeux et d’inquiétante étrangeté.
La matière diffuse, évanescente et fragile du Polaroïd lui permet de s’approcher un peu plus d’émotions douces-amères, de sensations impalpables, d’indicibles moments passés.
Mathieu Provansal
"Folklore"
Espace Culturel (6 oct. > 11 nov.)
Rignac
L’envers nous montre un lot de conventions et d’usages qui, pour celui qui fait la navette dans le décor, miroir ou rideau selon les époques et les appareils, sont serties dans le faisceau d’une tradition. Le thème d’une part et, de l’autre, l’envie d’y adhérer de façon hétérogène, sans autres rapports que celui de cette possible adhésion au centre thématique paraissant lointain, point de fuite entre les diverses occurrences qui l’illustrent, ce serait l’envers du thème.
Le groupe de caméramans se situe nécessairement de l’autre côté par rapport à ce qui nous est montré ; ce qui se tient devant le décor.
Le décor, traditionnellement, est peint. Le peintre se tient donc aussi de l’autre côté… Toutefois, le décor comporte en plus un envers qui lui est propre, qui n’est pas un envers causal, et qui transparaît, figure dans une autre figure.
Ainsi le folklore, qui se grime pour montrer son vrai visage.
© Matthieu Provensal
Arno Brignon
"Fin d’Europe à Ceuta"
Espace Culture (3 > 26 octobre)
Millau
La Ville de Millau a souhaité s’associer à Photofolies en 2012, pour élargir la diffusion de la création photographique au sud-Aveyron. Le photographe Arno Brignon a été choisi pour une de ses monographies intitulée « Fin d’Europe à Ceuta ».
Né à Paris en 1976, Arno Brignon s’installe à Toulouse en 2000. Membre fondateur du collectif du Grain à Moudre, il pratique une photographie d’inspiration documentaire, où le questionnement sur les problématiques sociales et sociétales est très présent. Il travaille également pour la presse nationale, ou pour des commandes institutionnelles. Il a aussi exposé ses travaux à la BNF François Mitterrand.
C’est bien « L’envers du décor » de notre Europe que montre ce travail sur Ceuta, où, à l’abri de murs gigantesques, de barbelés, ce bout d’Espagne vit adossé à la mer, ne sachant combien de temps encore il pourra endiguer un flot ininterrompu de migrants, candidats à l’Eden improbable du continent européen.
Ceuta, mur d'enceinte © Arno Brignon