© Benjamin Lowy
Journées photographiques de Bienne Faubourg du Lac 71 2502 Bienne Suisse
Voir et être vu
À l'occasion de leur 16ème édition, les Journées photographiques de Bienne questionnent les relations ambiguës qui se déploient entre voyeurisme et exhibitionnisme en présence d'un appareil photographique. Avec 23 expositions de photographes de 10 pays – de l'Iran aux États-Unis en passant par l'Espagne et la Suisse – l'unique festival annuel et thématique de photographie en Suisse est dédié au « voir et être vu » dans la photographie contemporaine.
Les codirectrices Hélène Joye-Cagnard et Catherine Kohler ont conçu une programmation exceptionnellement riche qui rassemble de multiples facettes se focalisant sur un sujet à l’actualité brûlante. Les mises en scène de la puissance de Bachar el-Assad dans les rues syriennes sont confrontées à des instantanés touristiques ou à des incursions dans la chambre à coucher de nos voisins.
Des tables rondes, des conférences, des ateliers et un safari photo très apprécié complètent ce festival. Du 7 au 30 septembre 2012, ces événements font de Bienne la capitale de l'art photographique actuel. La plus grande partie des œuvres sera montrée pour la première fois en Suisse. Le lieu d'exposition, la « Grange Verdan », ancienne fabrique d'impression d’indiennes, fête aussi sa première.
© Nicolas Righetti
Le maître espagnol Joan Fontcuberta crée par exemple une installation vidéo qui traite de l'invasion du cyberespace par des autoportraits au miroir (Through the Looking Glass, première suisse). Le travail du duo d'artistes biennois Haus am Gern se porte également sur l'autoreprésentation mais par les moyens de la photographie de studio et des radar de police (Autoportrait en couple d'artistes). Nicolas Righetti montre comment le président syrien Bachar el-Assad, tel Big Brother, surveille son peuple et met en scène lui-même un régime totalitaire par les images (L’avenir en rose). Quand le photojournaliste américain Benjamin Lowy travaille dans des zones de conflit, il a recours à un iPhone: l'esthétique de ce journalisme iPhoto amène-t-elle areconsidérer les événements (iLibya 2: Uprising by iPhone, première suisse)? Entre sphère privée et espace public, Edgar Leciejewski crée une iconographie du 21ème siècle avec les personnes qu'il découvre dans l'espace virtuel à l'aide de Google Street View (ghost and flowers - new york city, première suisse).
© Joan Fontcuberta
© Joan Fontcuberta
«Vu et être vu » n'est pas seulement un leitmotiv constant des interactions sociales et de l'art en général, mais un phénomène ambivalent qui gagne tous les jours en importance pour la photographie dans l'espace numérique, privé et public.
Les caméras de contrôle sont-elles les surveillants démocratiques de la sécurité ou des abus sont-ils à prévoir ? La force révolutionnaire des prises de vue par iPhone fait-elle trembler non seulement les gouvernements mais aussi le (photo-)journalisme? Les nouvelles technologies numériques permettent-elles un retour à l'authentique, au privé, au personnel et à l'intime, ou ouvrent-elles en grand la porte de sa propre exploitation?
La photographie contemporaine questionne ces sujets de même que les frontières fuyantes entre le public et le privé en utilisant, en modifiant et en se réappropriant les nouveaux acquis techniques. Ses réponses sont déroutantes, percutantes, profondes, confondantes et d'une beauté intemporelle.