© Jean Daviot
Ateliers Mathieu Lustrerie Hameau des Sauvans 84400 Gargas France
Dans la série « L’écart des mots » Jean Daviot utilise la photographie pour jouer des sens cachés du langage et insérer les mots dans des paysages, des ciels, des villes en jouant sur leurs signifiants et leurs signifiés.
Ainsi le mot «Lumière» s’inscrit dans son œuvre pour dévoiler ce qu’il cache mine de rien : Lui et Mère (LumIère). Les écarts des mots sont révélations de l’infra- mince du sens et du non sens. Le jeu de mot comme règle d’un art pour dire les trames des sens cachés.
© Jean Daviot
Les mots en disent plus qu’ils en ont l’air et s’amusent à nous piéger. Jean Daviot les force à se retrancher dans leurs sens profonds là où ils accentuent ce qui nous semble anodin. Les champs sémantiques qu’il révèle ainsi sont éminemment lacaniens. Ils sont aveux gourmands de sa fascination pour les promenades dans les bois de la psychanalyse, avec ses jeux de piste dans les sens à peine cachés si révélateurs de désirs ou de mémoires enfouies. Chez lui, la réalité première des mots est avant tout un leurre . Elle cache en fait des profondeurs essentielles qui s’imposent pour mieux révéler les profondeurs du moi et de son imaginaire. Chez Jean Daviot, le mot est symptôme révéla- teur de nos aliénations profondes comme de nos désirs enfouis. Il désinhibe notre langage avec la séduction d’ images qui se révèlent vite plus profondes qu’à première vue. Il pose avec le mystère de la chose artistique la question des liens entre indicible, langage et regard.
© Jean Daviot
Dans la série «Ecritures de Lumières » qu’il développe depuis 1995 il se sert de sa camé- ra et de son appareil photo comme d’un pinceau. Il parcours l’image du ciel, des planètes ou des lumières comme celles de la ville ou, comme ici, celle des lustres éclairés de l’atelier Mathieu Lustrerie à Gargas qui expose son travail en cet été 2012. Au fil du mouvement de sa main, la lumière livre une écriture où les lignes abstraites et colorées racontent une mémoire collective ou individuelle cultivée ou intuitive mais toujours essentielle... Là ou les grammaires abstraites racontent nos individualités.
© Jean Daviot
Jean daviot
Sorti de l’école d’art de la Villa Arson à Nice, Jean Daviot, utilise la vidéo, la photographie et la peinture. En 1984, il crée un personnage de fiction : l’artiste Walter Pinkrops. À partir de 1994, il réalise des «Ombrographies» en prenant des empreintes de visages et de mains en photocopie, traces qu’il trans- fère sur la toile. Depuis 1999, les « Visiteurs du soi » sont des peintures de personnes passées dans son atelier dont il trace le contour d’un trait, le corps et son ombre se rejoignent dans une même forme : « la forme du corps est le corps de la forme».
Dans « les Silences », il interroge le langage des mains : pic- togrammes d’un langage universel. Dans « Srevne », présentée à « la Force de l’art » en 2006 au Grand- Palais à Paris, il fait entendre sa voix à l’endroit, à l’envers et à l’envers de l’envers. Il sculpte la langue comme un objet, qui devient alors le palimpseste d’une réflexion à voix-off. « L’écart des mots », sont des photographies où il insère des mots dans des paysages, des ciels, des villes, jouant sur leurs signifiés et leurs signifiants. Avec « Vherbe » Il fait réellement pousser dans les paysages des mots en lettres d’herbe, qui peuvent mesurer plusieurs centaine de mètres : « Mémoire » prés de la grotte préhistorique de Pech-merle ou encore «Imagine» à la fondation Genshagen à Berlin.
Depuis 1995, il réalise des pein- tures numériques «Ecritures de lumières», où il se sert d’une caméra vidéo comme d’un pinceau : le procédé est simple, en apparence, la caméra tourne au ralenti, il dirige l’objectif vers des planètes émettant ou réfléchissant la lumière, le soleil, vénus, jupiter ou la lune ou encore des villes la nuit et laisse dans le mouvement de sa main la lumière se déposer sur le support en l’aspirant. C’est la lumière même qui se dépose en éclats de couleurs, faisceaux d’oscillations de flux sur l’écran, la toile, le mur.
Vignette : © Jean Daviot