Suite tonkinoise DP © Yannig Hedel
Yannig Hedel
Série : « Racines & fonds communs »
« Cette nouvelle série a pour ambition d’illustrer visuellement la cohérence et la continuité formelle de diverses époques qui constituent aujourd’hui nos racines culturelles.
Chaque ensemble est donc composé de divers éléments prélevés dans chacune des périodes suivantes :
L’art arabe avec des azulejos andalous
L’art judéo-chrétien avec des vitraux et clochers d’églises
L’art moderne avec des photos d’architecture des années 30
Les « azulejos », des motifs abstraits ornementaux et entrelacements géométriques ont couverts les murs des mosqués et des palais mauresques.
A cette époque, alors qu’il pensaient que les mathématiques étaient d’essence divine, ensembles, les érudits et les savants juifs et arabes portaient la pensée et les sciences à des niveaux encore inégalés.
Plus tard, vers le nord, dans de nombreuses chapelles, églises ou abbayes, les vitraux furent souvent composés de figures géométriques abstraites. surtout, peut-être, là où la lumière devait pénétrer et éclairer des lieux voués à la vie spirituelle ou contemplative, et d’où étaient écarté toute ornementation pouvant distraire ou perturber la méditation ou la pensée intérieure. L’art abstrait géométrique a donc été abondamment utilisé au cours des siècles dans l’architecture religieuse.
Gullivers VIII Emmanuel © Pascal Mirande
Au XXème siècle, (Kandinsky) « inventeur » de la peinture abstraite, après sa découverte, s’est immédiatement empressé d’écrire un livre intitulé « du spirituel dans l’art ». Il a ainsi lancé un grand courant composé de nombreux artistes convaincus que leurs recherches plastiques matérialisaient une quête spirituelle personnelle, mais universelle car partagée.
En s’étendant à d’autres domaines comme l’architecture, l’urbanisme (réel ou utopique) ou la conception de meubles ou d’objets, ces recherches formelles (le Bauhaus, Tony Garnier ou le Corbusier...) affirmaient également un humanisme positiviste, une foi dans l’avenir ou le progrès en s’efforçant d’apporter à la majorité des hommes espace, hygiène et lumière dans un cadre quotidien voué à favoriser leur épanouissement.
Après la mort de Dieu annoncée par certains philosophes, ce modernisme progressiste, sous les différentes formes évoquées précédemment, s’est donc substitué aux religions passées. Il a prolongé leur contenu humaniste et spirituel, en donnant une direction, des repères et un sens à l’avenir... avant d’être balayé à son tour par la « rupture » libérale ? » Yannig Hedel - Janvier 2012
Gullivers X Coralie reduite © Pascal Mirande
Pascal Mirande
Série : « Gulliver(s) »
« Un ensemble de dix-sept Gulliver(s) compose actuellement cette série photographique de Pascal Mirande, élaborée suivant un processus de mise en scène du corps se développant à travers le concept de genèse et dévoilant un champ de référence, de citations empruntées à la littérature et à l’histoire de l’art.
La genèse, du grec genesis, « naissance, origine » recouvre une multiplicité de sens dont celle de « formation d’un être ». Par extension, elle signifie « élaboration, organisation d’une chose, d’une figure, d’une pensée... » l’histoire de l’humanité représentée sous les traits d’Adam et de Eve (Gulliver V, Céline et Fosco), la réalisation d’une multitude de petites structures en bois semblant participer à l’édification et à l’architecture de corps, et plus largement la conception matérielle et intellectuelle de l’œuvre en sont, notamment, une métaphore.
Le corps, au centre de la recherche, prend souvent comme référence certaines statuaires et peintures historiques identifiables par la pose des modèles : le David de michel-ange (Gulliver III, Karim), le Déjeuner sur l’herbe et l’Olympia de Manet (Gulliver IV, Patricia et Gulliver X, Coralie), Œdipe d’ingres (Gulliver IX, Lucas), la naissance de Vénus de Botticelli (Gulliver VII, Marie), la mort de Marat de David (Gulliver VIII, Emmanuel)... Si Pascal Mirande s’approprie ces œuvres majeures par la citation, il en donne cependant une lecture et une interprétation nouvelles grâce à un ensemble de constructions prenant parfois la configuration d’un exosquelette et participant à la structuration d’un être singulier, d’un corps réel-imaginaire.
Gullivers XVII Sébastien et Christophe © Pascal Mirande
La citation met en évidence les rapports de ressemblance et de dissemblance, les écarts et les rapprochements de l’image et de son modèle. elle rappelle en ce sens l’histoire, l’origine de l’icône symbolisée ici par Gulliver XII, Pascal, autoportrait de l’artiste portant sa croix. l’icône suit le récit de la tradition chrétienne selon laquelle Dieu créa l’homme à son image. L’homme ainsi conçu est une image, une « icône » vivante de Dieu et de son modèle. « Il se définit doublement comme ressemblance au modèle et vocation à imiter ce Paradigme, à participer à cette perfection dont il est le reflet ». A travers l’image du Christ, l’homme revêt l’image du sacré ; il devient ainsi face de Dieu et maître de la Création.
Dans ses photographies, Pascal mirande scinde souvent l’humain en quatre images ; il créé une division qui n’est pas sans rappeler les quatre parties du roman de Jonathan Swift décrivant les Voyages de Gulliver suivant la découverte de nouvelles contrées : Lilliput, Brobdingnag, Laputa et Houyhnhnms. l’exploration fantaisiste de mondes imaginaires permet à l’écrivain de modeler des archétypes politiques et culturels venant éclairer, au fil de son périple les faiblesses ou les tares de la communauté européenne. les deux premiers voyages sont, à ce titre, dans leur analogie, des exemples de dérision, soumettant le héros à un principe de relativité qui lui confère suivant les lieux où il échoue, un absolutisme ou un assujettissement littéralement dictés par sa taille. Dans l’œuvre de Pascal Mirande, le corps pourrait naturellement donner les indications d’une échelle, d’une mesure. mais qui le perçoit ? Un Gulliver échoué sur l’île de Lilliput, imaginant la réflexion de son image dans un miroir ou des lilliputiens décidant de capturer celui qui, à leur mesure (six pouces de haut), se révèle être un géant ? » Isabelle Tessier
Suite arlesienne © Yannig Hedel
La Galerie Vrais Rêves
Comme chaque année depuis 1988 la Galerie Vrais Rêves prendra ses quartiers d’été à Arles dans les salons de l’Hôtel du musée, face au Musée Réattu. Nous y présenterons dès le 4 juillet notre « Estival 2012 » dédié cette année à deux des artistes présentés au cours de cette dernière saison à Lyon, Yannig Hedel et Pascal Mirande. Rencontre surprenante entre leurs récents travaux où les « suites » axées sur l’architecture de Y. Hedel cohabiteront avec les « Gulliver(s) » de P. Mirande. Le point de rencontre se situant dans les références à l’histoire de l’art...»
L’occasion donc pour chacune et chacun de découvrir ou retrouver les différents auteurs et travaux présentés à la galerie entre septembre 2011 et juin 2012. Deux seulement, hélas, car comme vous le savez au cours de cette saison particulière en liaison avec les 30 ans de la galerie nous avions présenté les travaux de Arno Minkkinen qui ont depuis regagné les etats- unis. Renouveler l’exposition « la photographie saisie par le texte » de Robert Pujade n’était pas, non plus, imaginable dans le contexte d’Arles... mais rassurez-vous, les cimaises de l’Hôtel du musée seront largement alimentées avec les remarquables travaux des deux photographes, Yannig Hedel et Pascal Mirande que vous pouvez retrouver en détail sur notre site ou sur nos new-letters « info-rêves ». Une belle rétrospective de saison devant laquelle nous serions très heureux, comme chaque année, de vous accueillir dès ce 4 juillet.
La galerie et les artistes tiennent à remercier les propriétaires de l’Hôtel du musée, nos fidèles complices, qui nous permettent de présenter cette année le 25 ème « Estival Vrais Rêves ».
Suite corse GFP © Yannig Hedel
Vignette © Yannig Hedel