© Charles Henneghien
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« Je suis né en Belgique en 1935. En 1962, je me suis expatrié au Maroc. J'y ai vécu huit ans. J'étais passionné de photographie. J'avais appris assez d'arabe pour ne pas être confondu avec un touriste. Les photos de vie quotidienne ramenées de cette époque sont assez intimistes. En 1982, Tahar Benjelloun m'avait dit : "C'est la première fois que je vois mon pays montré de l'intérieur". Il avait donné son accord pour une préface pour un projet de publication que j'avais chez Arthaud. Mais six mois plus tard, on nous informait par courrier que "tous les projets photos noir et blanc étaient bloqués" : le monde de l'édition basculait vers l'album couleur.
Vingt cinq ans plus tard, j'ai pu enfin publier ces séries, chez Michel Husson éditeur. C'est qu'entretemps, le Maroc a tellement changé que ces images prennent valeur d'archives. Les reportages sur les exploitations minières, en particulier, sont un témoignage rare. Le mot exploitation est à prendre ici dans tous les sens du terme : l'éloignement, le manque d'infrastructures et des rapports de force hérités de la colonisation y maintenaient des conditions de travail rappelant notre dix-neuvième siècle : un Germinal exotique.
© Charles Henneghien
Au-delà du réflexe d'indignation morale que peuvent susciter ces images, il est instructif d'apprendre que ces mines sont aujourd'hui fermées, gisements épuisés, ne laissant derrière elles que ruines et frustrations. Voilà qui amène à s'interroger sur nos sociétés de surconsommation et de gaspillage. Notre prospérité est fondée sur l'exploitation effrénée de ressources limitées et non renouvelables. »
Ces reportages sont un témoignage rare sur quatre exploitations minières au Maroc entre 1962 et 1970. Exploitation dans tous les sens du terme : l'éloignement, le manque d'infrastructures et des rapports de force hérités de la colonisation y maintenaient des conditions de travail rappelant notre dix-neuvième siècle.
© Charles Henneghien
Photos et vignettes © Charles Henneghien