Domaine départemental du château d'Avignon Rte départementale 570 13460 Saintes-Marie-de-la-mer France
Organisée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, sous le commissariat de Véronique Baton, historienne d’art, et d’Agnès Barruol, conservatrice en chef du patrimoine, l’exposition « Se souvenir de la mer » se déroulera du 23 juin au 31 octobre 2012 au domaine départemental du château d’Avignon, en Camargue.
Lieu des songes et des utopies innombrables, à la fois symbole d’infini et de toute-puissance, la mer inspire depuis toujours à l’homme des sentiments contradictoires et démesurés. De l’angoisse des profondeurs et de l’immensité au rêve de voyages et de merveilleux, cette étendue au mouvement perpétuel n’a cessé d’être une source de fascination, un sujet d’inspiration pour les créateurs auxquels elle semble insuffler un sentiment de liberté inégalé tout en faisant éprouver la fragilité de l’existence humaine.
A partir de la position géographique du château d’Avignon - entre mer et terre -, de sa gestion technique des eaux douces et salées qui se mêlent en Camargue, de ce qu’il témoigne sur l’histoire de la villégiature à la fin du XIXe siècle, le domaine du château d’Avignon propose pour l’été 2012 un parcours où œuvres contemporaines composent avec le monument et son environnement.
L’exposition fait dialoguer les pratiques et les générations artistiques, soulignant la diversité des inspirations, sollicitant l’esprit des lieux dans sa relation historique à l’eau. De la houle et des merveilles de la mer à la métaphysique du regard face à son étendue, de la culture de plage aux dépôts marins, le parcours évoque une poétique de la mémoire où se croisent monde sensible et points de vue de l’imaginaire.
© Lucien Clergue, Nus de la mer 1956 et 1958
Dans cet ensemble, une attention particulière est portée à la photographie et la vidéo dont l’instantanéité et la mouvance des images en font des médiums privilégiés pour exprimer la mobilité inlassable de l’élément marin et son rapport au temps et à la mémoire.
Le rez-de-chaussée du château ouvre à une promenade onirique au milieu des créatures sous marines et de la faune des grandes profondeurs.
L’imaginaire qui s’y déploie révèle un étonnant bestiaire, à la fois fascinant et inquiétant, où se côtoient étoiles de mer et méduses en verre (Yves Chaudouët), coquillages fossiles (Philippe Droguet), monstres marins en faïence (Laurie Karp). Les coquillages récoltés au bord de l’eau composent des fééries marines (Paul Amar) tandis qu’entre humour et dérision, de bien étranges crustacés nous interrogent sur la nature même de l’œuvre d’art (Bill Woodrow, Marcel Broodthaers).
© Véronique Ellena, La plage d’Antifer (rose), 2006
Les créations de Véronique Boudier, Olivier Babin, Judith Bartolani et Claude Caillol, Céline Duval, Olivier Millagou, Gérard Deschamps, Antoine Dorotte et Boris Chouvellon se rattachent à une autre vision, commune et populaire, celle des vacances au bord de la mer où depuis le XIXe siècle on va se fortifier au contact de l’air iodé, caresser la vague, jouer sur le sable ou le modeler avec ses doigts pour bâtir des châteaux. Gonflables multicolores et pataugeoires, planches de surf et poissons souriants, maillots de bain chatoyants et photos souvenirs forment la matière d’œuvres ludiques qui jouent avec les archétypes de notre société de consommation et les usages de notre temps. Elles agissent tout autant comme vecteurs de mélancolie, en souvenirs des jours heureux.
© Yang Yi, Uprooted 13
Plus loin, la mer dans son identité physique et son caractère imprévisible, dicte sa loi et conserve ses capacités d’emportement. Insaisissable et en mouvement permanent, elle invite à toutes les approches physiques et corporelles, pour tenter de l’explorer, la maîtriser ou la comprendre (Masbedo, Francis Alÿs, Marcel Dinahet, François-Xavier Courrèges).
Sensuelle, elle modèle les formes, éveille les sens et suscite les fantasmes (Lucien Clergue, Anne Pesce). Menacée, elle incarne le risque écologique et cristallise la mémoire et l’histoire (Yang Yi, Sigalit Landau).
Depuis la fin du XVIIIe siècle, la mer, ses rivages et ses paysages sont devenus un lieu privilégié de la contemplation, du pittoresque, et une source essentielle d’inspiration pour la création artistique. Les œuvres de Fischli et Weiss, Sarkis, Olivier Grossetête, Véronique Ellena et Sophie Braganti rappellent, avec des moyens contemporains, la permanence de cet émerveillement. La fascination de la mer, de ses miroitements et de ses espaces infinis nous renvoie à notre modeste condition humaine mais aussi inlassablement au travail de l’artiste et à ses questionnements.
© Marcel Dinahet