© Gabriela Lupu, 2010
Galerie rue de l'exposition 1 rue de l'Exposition 75007 Paris France
"Gabriela Lupu a fouillé les mines de l’ouest de la Roumanie pour dénicher des instants de la vie des hommes qui creusent pour ramener à la surface les trésors de la terre. Ce n’est pas une vie facile, mais les mineurs ont toujours le sourire aux lèvres.
Les mines, l’un des secteurs industriels les plus importants à l’époque communiste en Roumanie, ont mal supporté la transition vers le libre marché. La majorité d’entre elles ont été fermées. Celles qui fonctionnent encore s’appuient sur de vieilles technologies, ce qui n’améliore pas la vie des mineurs.
En 2012 la galerie Rue de l’Exposition présente sous le thème « Réminiscences » des séries photographiques inspirées par les dernières traces d’un monde en voie de disparition."
Katia Danila
© Gabriela Lupu, 2010
"J’effectue plusieurs voyages entre 2005 et 2010. Toujours de courte durée, pas plus de 10 jours. Mais je suis toujours accompagnée par quelqu’un quand je prends des photos. On me fait faire toujours le même trajet : cantine, vestiaires, lampisterie, salle de pointage, cage de descente. On finit le tour par les douches et les alentours de la mine. J’essaie à chaque fois de prendre le temps de regarder, de parler, d’écouter.
Dans mon dernier voyage je descends au fond de la mine. C’était un privilège pour moi. Je n’avais pas peur car j’étais persuadée qu’on n’allait pas m’emmener dans des endroits dangereux. Il a fallu faire contrôler l’appareil, signer des papiers et s’habiller en mineur avant de descendre au fond. J’étais ravie de vivre une telle expérience. Je suis bien sur accompagnée. Par un ingénieur qui inspirait confiance et aimait parler de ses enfants.
Ça y est, je suis dans la cage. Il y a plusieurs mineurs. Il n’y a plus de lumière, ça sent l’humidité, ça descend vite. Je ne pense à rien. La cage bouge, ça n’a pas l’air sécurisé. De l’eau coule d’en haut. Je vois les murs défiler devant mes yeux, car parfois il y a de la lumière. Au fond de la mine ils sont presque solennels. Je sens le silence, le vent, l’humidité, la fragilité de la vie, le regard des visages noirs. Parfois j’oublie de photographier. Il y a des courants d’air dans certaines galeries. Il fait noir. Je ne peux pas photographier…" Gabriela Lupu
© Gabriela Lupu, 2010
"La photographie est mon point de repère dans la vie. C’est mon point d’accroche. Le bâton sur lequel je m’appuie. C’est une constante. Je photographie de manière impulsive. Je respire à peine. Je suis submergée par l’émotion. Je ne suis pas complètement libre quand je photographie. Je poursuis un but, je me pose des contraintes. Tout m’échappe quand je suis devant une personne à photographier. Je magnifie dans mon esprit mon sujet. Je rencontre un mineur, et vite, c’est le mineur absolu. Je suis incapable de sortir un mot.
La photographie est tellement personnelle/ subjective que mes photos invitent à voir à travers mes yeux et mes émotions. Je suis une boule affective. Ma photo est instinctive.
J’ai des grands désirs : je souhaite avoir une vue d’ensemble sur mon sujet, comprendre de manière logique, attraper sur la pellicule des émotions, que je voudrais universelles. Mais tout ça m’échappe. Je photographie pour moi d’abord. C’est ensuite que j’essaye de me détacher et parler du sujet traité. J’existe si je fais de la photo ? La photographie est la seule activité qui a de la valeur à mes yeux (en parlant de mes activités). Je suis une naïve."
Gabriela Lupu
Vignette : Gabriela Lupu, 2010