Olga Cafiero
« L’axe central d’un Cabinet de Curiosités à la Renaissance est le collectionneur lui-même, qui collectionne de manière encyclopédique et selon ses critères des objets hétérogènes qu’il organise en fonction de ses goûts, intérêts et passions. Il s’agit d’une démarche subjective, dont le résultat est la restitution d’un monde personnel et souvent magique.
Je choisis de réunir des images d’animaux extraordinaires et inquiétants, de portraits à la temporalité ambigüe et des machines contemporaines qui ressemblent étrangement à des décors du passé. J’interroge également la pratique photographique dite professionnelle, que ce soit la photographie d’architecture, de nature morte ou scientifique, dont je me sers ensuite pour créer ma collection en recherchant une forme, un style de présentation. »
Jessica Eaton
« La série Cubes for Albers and LeWitt (« Cubes pour Albers et LeWitt ») explore le potentiel de la manipulation du temps, de l’espace, de la perception et plus particulièrement de la synthèse additive de la couleur. Les images de cette série sont conçues sur des plan-films individuels de 4×5”. Les sujets photographiés sont en fait monochromatiques : une série de cubes et des sols peints tantôt en blanc, en deux tons de gris et en noir.
La teinte de chaque image est obtenue par des expositions multiples aux couleurs primaires additives : rouge, vert, bleu. Le degré de réflexion des cubes détermine le degré de la teinte ; le noir est employé comme un masque qui conserve des zones vierges pour les expositions suivantes. »
Richard Kolker
« Ce projet tourne autour de l’idée de l’évasion et de la manière dont nous appréhendons la réalité virtuelle immersive des jeux vidéos en ligne. Les images sont construites grâce à un mélange de photographie traditionnelle et de techniques de modélisation 3D employées dans l’industrie du jeu vidéo. Mais plutôt que de représenter les fantasmes d’évasion proposés dans les mondes virtuels, elles reflètent le quotidien, bien plus banal, du joueur, ainsi que le moment où le monde réel rencontre le virtuel. Elles jouent à la fois un rôle de miroir et de conscience, où le joueur est frappé par la réalisation psychologique d’un estompement des frontières entre le réel et l’irréel, au moment où il redécouvre son rôle et ses responsabilités dans le monde physique. »
Ya Kala Ben, 2011 © Namsa Leuba
Namsa Leuba
« Je suis euro-africaine, née en Suisse et mon projet a été réalisé lors d’un voyage en Guinée Conakry. Dans ce travail, je me suis intéressée à la construction et à la déconstruction du corps ainsi qu’à la figure et à la représentation de l’invisible. J’ai étudié des artefacts de rites propres à la cosmologie des Guinéens ; des statuettes qui font partie d’un dispositif cérémonial. Celles-ci sont d’un autre monde, elles sont les racines du vivant. Ainsi, d’une certaine manière, j’ai cherché à toucher l’intouchable. Pudeur, chance, fécondité ou vecteur d’exorcisme, ces statuettes acquièrent une valeur culturelle à travers ce qu’elles représentent ou symbolisent. Avec ce travail, j’ai transformé ces objets, symboles cosmologiques d’une communauté, qui font traditionnellement sens lorsqu’ils sont activés dans le cadre de rituels. »
Hanna Putz
« J’aime les images qui semblent ne déranger personne. J’essaie de mettre en scène une forme de désinvolture créée de toutes pièces, débarrassée de tout ce qui est spectaculaire, bruyant ou exagéré. J’ai commencé à travailler en photographiant des mannequins, puisque je travaillais moi-même comme mannequin à l’époque – nous étions souvent très proches, nous nous connaissions, nous vivions et travaillions ensemble. Mais cela ne m’a jamais intéressé de les photographier en tant que mannequins, dans un contexte de mode. J’ai choisi de travailler avec des mannequins professionnels simplement parce que l’idée de « poser » m’interpelle. »
Florian van Roekel
« Mon travail s’intéresse à l’expérience que nous faisons de notre vie quotidienne et à la manière dont elle influence nos relations interpersonnelles. La série How Terry Likes his Coffee (« C’est comme ça que Terry prend son café ») représente la synthèse d’une exploration, durant quinze mois, de cinq différents bureaux aux Pays-Bas. Le livre raconte la sensation d’être détaché de son entourage quotidien, mais en même temps, le désir d’une relation authentique avec autrui. J’aborde l’hypothèse que la culture institutionnelle, et par extension toute notre société, se focalisent avant tout sur un mode d’interprétation très rationnel. »
Akira Somekawa
« HowJescape est un mot-valise qui associe « maison » et « échappée » et dont l’idée m’est venue alors que je découpais une de mes images. Je me promène souvent dans des quartiers anciens, ou à la campagne : cela me rappelle la manière dont les gens vivaient dans le passé. Avant, je désespérais d’échapper à la modernité du Japon, avec son mode de vie unique, ses réponses toutes faites à nos désirs. Bien sûr, vivre de manière primitive ou dans une zone rurale doit être aussi dur que dans une grande ville, sinon plus. J’en conclus que c’est la réalité que je fuis. Je garde toujours un œil ouvert sur des maisons anciennes et des paysages agréables. Je les prends en photo, comme le ferait un touriste, avant de les découper et de les assembler pour en faire une œuvre d’art moderne. »
Sunburn in Naples, 2010 © Brea Souders
Brea Souders
« En tant qu’Américaine typique – et donc aux origines mélangées – j’ai entrepris ce projet pour explorer les divers lieux d’Europe d’où viennent mes ancêtres et l’influence que j’en retiens, aussi bien dans ma vie privée que dans mon travail artistique.
J’ai créé la première photographie de cette série, Sunburn in Naples (« Coup de soleil à Naples ») en Italie, en mai 2010. Cette image illustre plusieurs de mes sentiments : le désir de prendre possession de mes racines italiennes, de faire partie de quelque chose, mais également mon incapacité à le faire. Le soleil napolitain a vite fait de brûler ma peau claire, héritée de mon grand-père irlandais. En rentrant, j’ai continué à créer des images qui reflètent mes recherches sur le christianisme, l’histoire de l’art, l’histoire de l’Europe et des traditions familiales, ainsi que mon désir de rassembler les pièces du puzzle pour en faire un tout. »
Manuel Vazquez
« Dans une société en proie à une surveillance omniprésente, tout le monde peut être à la fois spectateur et acteur dans le spectacle du quotidien. Avec des caméras de sécurité disséminées dans tous les lieux publics, nos déplacements laissent des traces, conservés en tant que codes visuels. La chorégraphie de la foule emprunte les voies d’une ville planétaire sans nom, où des piétons perdus dans leurs pensées font l’expérience du paradoxe de l’espace public, à la fois anonyme et surveillé. C’est dans les non-lieux que ce paradoxe apparaît le plus explicite, le plus évident ; c’est là que j’ai accompli mon projet, avec l’intention de construire des paysages urbains imaginaires qui expriment un commentaire sur notre exposition à la vie urbaine. »
Yasuyuki Takagi
« Je présente ici deux projets. Le premier tourne autour d’une forêt ancienne que j’ai visitée cette année, dans l’île du sud du Japon, dans le but de voir de mes propres yeux un arbre qu’on dit vieux de 7000 ans. Durant cette quête, j’ai été frappé par la beauté et la puissance de la forêt.
La seconde série de photographies est un projet en cours sur les jardins communautaires de New York. Ces images proviennent de Harlem, où il existe aujourd’hui plus d’une soixantaine de ces jardins. Leur origine remonte aux années 1960 : on plantait des graines dans des terrains vagues, cela constituait un mouvement artistique. »
Gardens, 2011 © Yasuyuki Takagi
PRIX PHOTOGRAPHIE 2012 GRAND PRIX DU JURY PHOTOGRAPHIE
Le jury photographie 2012 composé de personnalités internationales des sphères artistiques et éditoriales rencontre lors de lectures de portfolios individuelles les photographes sélectionnés dans le cadre du concours. À l’issue de ces rencontres, le jury décerne le Grand Prix du Jury Photographie, qui distingue l’originalité de la vision et du propos de l’auteur.
PRIX DIGITAL DE LA PHOTOGRAPHIE LVMH
Depuis 14 ans, le groupe LVMH est partenaire du Festival International de Mode et de Photographie d’Hyères. C’est dans la lignée de son soutien à la section Mode, discipline au cœur de l’univers de plusieurs de ses Maisons, que LVMH devient, à partir de cette année, également mécène de la section Photographie. Acteur créatif et culturel européen, LVMH a décidé de soutenir les jeunes talents avec la création du « Prix digital de la Photo LVMH », témoignant ainsi de son ambition à accompagner le développement des nouvelles technologies dans cet art.
Le premier Prix digital de la Photographie LVMH sera remis par Androulla Vassiliou, Commissaire Européenne en charge de l’Éducation, la Culture et la Jeunesse.
Série How Terry likes his coffee, 2010 © Florian von Roekel
DOTATION SCHOOL OF VISUAL ARTS
The New York School Of Visual Arts est l’une des plus prestigieuses écoles américaines d’arts plastiques et appliqués. Son programme Photo Global est une résidence intensive d’un an qui offre aux participants internationaux l’occasion de travailler avec des équipements de pointe en compagnie de photographes renommés afin d’acquérir le regard critique nécessaire à tout auteur. La visée de Photo Global est de faire progresser l’étudiant dans ses recherches personnelles à travers des conférences, des visites de musées et de galeries et des rencontres avec les participants et intervenants du programme (tels Gregory Crewdson, Tim Davis, Taryn Simon, James Welling, Larry Sultan, Jessica Craig-Martin, Elinor Carucci, Jack Pierson ou encore Collier Schorr)
The School Of Visual Arts s’associe à la sélection photographie et offre à l’un des photographes en compétition du Festival d’Hyères 2012 une place dans la promotion 2012-2013 de Photo Global.
LE BOOK
Le Book, guide international de la création depuis 25 ans, référence pour les professionnels - couvrant à la fois la photographie, l’illustration, la production, la direction artistique, la publicité, la musique et la mode - offre comme chaque année à l’ensemble des photographes sélectionnés une page dans ses éditions de Paris, Londres et New York ainsi que des tirés à part.
Yohji Yamamoto - Yohji Yamamoto at Large
Piscine et gymnase, villa Noailles
Dans le contexte de la mode flamboyante des années 1980, Yohji Yamamoto introduit une véritable rupture, avec son univers conceptuel empreint d’une poésie radicale. Initiateur d’un mouvement esthétique novateur, il dessine une silhouette reconnaissable entre toutes. Il questionne les proportions du corps, introduisant la sensualité là où on ne l’attend pas, dans l’espace entre le corps et le vêtement. Comme un parti pris, il travaille le noir sans relâche pour en explorer les infinies possibilités et ponctue ses collections de touches de rouge, bleu ou vert, toujours utilisées avec parcimonie. Il expérimente la matière, la triturant pour un effet déjà vécu, réfutant le flambant neuf. Fervent connaisseur de l’histoire de la mode, il sème dans ses collections des clins d’œil au passé, revisitant crinolines XVIIIème, combinaisons de travail, ou encore costumes traditionnels japonais. Questionnant sans cesse ce qui semblait acquis, il déconstruit pour mieux reconstruire, et réduit le vêtement à l’essentiel.
2012, année anniversaire des 40 ans de la ligne Y’s, est aussi celle de la présidence du jury mode du Festival International de Mode et de Photographie d’Hyères. Dans ce cadre, l’art intervient comme un fil rouge, reliant la passion pour les arts de la famille Noailles aux créations de Monsieur Yamamoto, situées depuis toujours à la croisée de la mode et des arts. Se faufilant dans les différents événements de la villa, il s’incarnera dans la présence des œuvres d’Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin à l'occasion de l'exposition rétrospective programmée par le festival, le duo de photographes ayant par ailleurs signé trois catalogues Yohji Yamamoto sous la direction artistique des M/M (Paris) ; au fil du temps et des espaces, il prendra la forme de performances dansées, d’interludes musicaux, de projections de films en plein air, de conversations dont une entremêlera mode et cinéma (organisées par la Fédération française de couture). La piscine de la villa Noailles abritera également sa traditionnelle exposition dédiée au président du jury : enfermées dans la piscine, de belles endormies se tiendront éveillées à la lumière des fluos, tandis que se promèneront dans les jardins les créations de Yohji Yamamoto et Y’s, comme un dialogue entre pièces fortes et tenues quotidiennes.
Matthew Cunnington & John Sanderson - Pianola Garden
Summer House, Pigeonnier, jardin, villa Noailles
Invités par la villa Noailles, ils exposent à Hyères quatre ans après que Matthew Cunnington ait remporté le Grand Prix du jury.
Le « pianola » est un piano mécanique qui joue de la musique grâce à des feuilles pré-programmées. Ces partitions sont constituées de lignes et de perforations qui contiennent des mélodies. Chaque feuille possède ainsi sa propre identité. Leurs motifs complexes déterminent la musique qui sera jouée par la machine. La musique est un art capable de déclencher tout un arsenal d’émotions différentes que l’on peut associer à des souvenirs précis. Dès lors que la pièce s’emplit de musique, la nature reprend sa place, se rétablit.
Well basically basuco is coke mixed with kerosine, The Face, 1994 © Inez van Lamsweerde & Vinoodh Hadatin
Inez van Lamsweerde & Vinoodh Matadin - Pretty Much Everything
Squash, villa Noailles
La carrière artistique de van Lamsweerde et Matadin est tout aussi prolifique : leurs œuvres sont exposées et font partie de collections publiques et privées dans le monde entier. Les motifs provenant de leur imagerie commerciale, donc de commandes, se retrouvent souvent dans leurs productions artistiques ; le duo considère ce dialogue entre le commerce et l’art comme une partie importante de leur démarche. Leurs œuvres arrivent souvent à des résultats inattendus, par exemple leur collaboration, toujours en cours, avec le très estimé sculpteur Eugene van Lamsweerde, l’oncle d’Inez, ou encore leur travail riche et expérimental avec les directeurs artistiques M/M (Paris).
Biographie par Penny Martin
Le Squash de la villa Noailles accueille une double projection spécifiquement conçue pour l’espace, présentant une sélection généreuse de leur œuvre, à la fois photographique et vidéo.
Anouk Kruithof - Untitled (I’ve taken too many photos / I’ve never taken a photo)
Tour des Templiers, centre historique
Anouk revient à Hyères cette année avec le projet de donner une forme à son archive photo : dix années d’« automagiques » comme elle les appelle, des images prises compulsivement, et dont elle n’a, jusqu’à ce jour, rien fait. Et pour l’aider, elle qui a pris trop de photos, elle entreprend de trouver quelqu’un qui n’en a jamais pris une seule... Avec Harrison, un jeune de son quartier, elle parcourt 300 images, dont il choisit 80 destinés à l’exposition, dont il détermine également la taille pour l’installation qui prendra place dans la Tour des Templiers, à Hyères : un processus collaboratif et ludique à l’image de l’œuvre de l’artiste.
Press shot, band aqualung, 2003 © Jason Evans
Jason Evans - Commercial photography 1991-2011
Galerie nouvelle, villa Noailles
L’exposition de Jason Evans présente une sélection de ses photographies, toutes partageant le trait commun d’avoir été commandées : les unes par des magazines, les autres par des clients dans le cadre de publicités. Les images sont disposées telles un chemin de fer de magazine, les unes à côtés des autres, sur simple feuille,
L’exposition propose un panorama joyeux et joueur de 20 ans d’images et de ce que peut -être, quand elle est pratiquée sans que l’artiste ne se départisse de sa vision, la photographie commerciale.
Ina Jang - clrs
Grilles du musée, centre ville
Ina Jang expose le fruit de la commande qui lui a été spécialement passée pour cette édition 2012 : mettre en images les créations des 10 stylistes sélectionnés cette année.
« Je fais des images minimalistes, dont je cherche à renforcer le caractère bidimensionnel par le biais de la superposition, dissimulant intentionnellement des informations.
Mon expérience de la photographie et mon processus de travail sont rigoureusement « physiques » : cela implique souvent découpage, collage et inclusion de matériaux tels que le papier, de boules de coton, non sur l’image mais pendant la prise de vue elle-même. Les photographies sont souvent figuratives, et cependant non identifiées, pour semer le doute sur les motivations qui président à la fabrique de l’image, pour que le regardeur se demande : sont-elles des photographies de vrais sujets ou plutôt des objets ? J’essaie d’atteindre une image qui reste à la fois vierge et étrangère au regardeur. »
Lynsey Peisinger & The Stimuleye - Pilori
Sautoir, villa Noailles
Le luxe et le monde matériel sont les objets de notre désir. Nous désirons tant, mais de quoi avons nous besoin ? Est-il acceptable de s’abandonner à des plaisirs superficiels au détriment du « soi » authentique ? Nous pouvons vivre avec si peu, mais nous remplissons nos vies avec des objets matériels.
Pilori se veut une réflexion sur l’intersection de la mode et de la performance. Un lieu où l’on questionne luxe ou nécessité, réalité ou fantaisie, beauté externe ou interne, conformité ou audace...
Ich habe keine Zeit, 2009 © Hannah Putz
Chronique Curiosité - Chronique - Carte blanche à Curiosité
Parvis, villa Noailles
Curiosité est une vieille thématique sur l’art contemporain compilant chaque lundi matin pour ses abonnés, une sélection illustrée de sept expositions vues. Ce support hebdomadaire filtre l’actualité artistique parisienne, française et internationale en la parcourant systématiquement. Il est le reflet qualitatif d’une archive alimentée par la visite de plus de deux cents expositions chaque mois, et témoigne de la nécessité et du plaisir à partager cet engagement.
À la villa Noailles, cet élan de diffusion prendra une ampleur nouvelle tout en insistant sur ses valeurs que sont l’assiduité et l’exigence iconographique. Ainsi, douze artistes seront invités à afficher une œuvre imprimée offerte sur le parvis. Chaque auteur aura été distingué dans un numéro d’un mois différent de l’année 2011, composant de cette manière un regard mensualisé sur un an de chroniques. Et voilà le temps partitionné en images.
Fabrics Interseason - Invitation n°2 Charles et Marie-Laure de Noailles, une vie de mécènes,
Villa Initiale, villa Noailles Exposition permanente
Si l’on considère la Villa Noailles d’aujourd’hui comme un espace vivant, où les murs, les surfaces, les matériaux, le design et l’aménagement intérieur sont imprégnés d’une mémoire – et où l’on devine, par là-même, la narration d’une relation, des traces d’une vie capturées dans les couches successives du lieu, ainsi que le témoignage d’une résidence commune à l’homme, la femme et l’enfant, qui introduit les idées de séparation ou de partage de la pensée, du travail et de la vie – il semble que ce lieu incarne l’environnement, la vitrine idéale pour procéder à un effort de mise en contexte d’une sélection d’œuvres, choisies selon des critères tantôt rétrospectifs, tantôt parcellaires. Œuvres qui, elles aussi, racontent dans leur surface une vie commune et une relation.
Shell, 2010 © Brea Souders
La Maison Rondini - Les Tropéziennes
Maison des jardiniers, Parc Saint-Bernard
Atelier Saint-Bernard/ Atelier Rondini & Exemple n°1 : Tropéziennes
L’Atelier Saint Bernard et la villa Noailles Pour la première année l’Atelier Saint-Bernard, ancienne maison des jardiniers de Charles et Marie-Laure de Noailles, transformée en atelier et en résidence d’artistes, accueille durant le Festival une exposition dialoguant avec la mode, les créations des jeunes stylistes et invitant à se questionner sur la frontière entre mode, et design. Cette première exposition présente le travail de l’Atelier Rondini.
L’Atelier Rondini En 1927, alors que les Noailles construisent la piscine de leur nouvelle villa à Hyères, Dominique Rondini fonde son atelier à Saint-Tropez et se consacre à la fabrication de sandales. Ainsi naîtront les Tropéziennes qui seront à cette époque l’unique modèle de l’atelier. Mais très rapidement son fils, Serge, dessine de nouvelles lignes inspirées par Capri, l’Inde, l’Égypte et le Sahara. Aujourd’hui, Alain Rondini, continue de fabriquer les sandales dessinées par son Père et son Grand- Père.
Les Tropéziennes Accessoires de mode ou classique du design? Les Tropéziennes traversent les décennies sans prendre de ride et avec toujours le même succès. Elles ont la beauté des objets bien dessinés. Les matériaux justes, la quantité juste, les pro- portions justes... Chaque élément est nécessaire, rien ne peut être enlevé. Pour couronner le mythe, le petit atelier de la rue Clemenceau est le seul point de vente où l’on peut acheter les Tropéziennes Rondini.
Cet atelier artisanal familial utilisant des cuirs français et pratiquant son métier toute l’année dans une ville saisonnière est un exemple. Voilà autant de bonnes raisons qui nous ont données l’envie de présenter les sandales de l’Atelier Rondini, de la peau au produit fini. La mise à nu d’une belle idée, de beaux souliers, l’envers de ces quelques bouts de cuirs, fierté de notre côte Méditerranéenne Provençale et du beau village de pécheur qu’est Saint-Tropez.
Joan via Inez © Inez van Lansweerde & Vinoodh Hatadin
Céline Méteil - Dreams on canvas
Vitrines, Galeries Lafayette, Toulon
Dans sa collection primée à Hyères Plié-Backstage, « Céline Méteil a imposé ses créations minimalistes et aériennes ». Fil conducteur de son travail : le jaconas. Une matière qui d’ordinaire ne franchit jamais l’étape de l’essayage.
En détournant ce matériau pauvre, elle l’extrait de la voie de disparition à laquelle semblait l’avoir condamné le procès en ringardise qui lui est fait depuis longtemps déjà, sans doute depuis les années 1950 qu’il évoque tant et auxquelles la collection de Céline Méteil donne une nouvelle vie, une seconde jeunesse. Si nous nous souvenons au passage que le canvas anglais est aussi la toile du peintre, Céline Méteil nous entraîne plus loin dans la vision qu’elle en a, en jouant avec la toile à ses yeux devenue trame qui filtre et tamise le regard : avec l’ajouré et le pixel, elle trame des thèmes et des motifs et confère au canevas l’authentique modernité des créations digitales.
En kidnappant cette belle endormie des ouvrages de tapisserie, Céline Méteil tisse avec le canevas une histoire de fil, les fils d’une matière raide qu’elle apprivoise pour la rendre étoffe à la fois souple, fluide et structurée. En convoquant cette matière brute, simple toile ajourée pour elle emplie de nostalgie et de féminité, c’est l’essence même du vêtement qu’elle retrouve : une image pure, claire, graphique, presque aérienne. C’est le corps qui respire dans les jours du canevas.