© Rana Javadi - série Quand tu mourrais, 2008
Galerie Regard Sud 1/3 rue des pierres plantées 69001 Lyon France
C’est en 1997 que débute l’âge d’or de la photographie iranienne. Nombreux sont les ouvrages et magazines qui publient des photographies d’artistes iraniens, suscitant la curiosité des conservateurs de musées et des commissaires d'exposition à l'étranger.
La photographie iranienne se distingue par le parti pris d’une organisation thématique et par la volonté d’éviter les «images emblématiques maintes fois montrées et sans user d’une vision exotique du pays qui exciterait la simple curiosité». Anahita Ghabaian Etehadieh, Directrice de la Silk Road Gallery à Téhéran et actrice majeure de la photographie dans son pays.
A travers les travaux de Rana Javadi, Arash Fayez et Hawar Amini, l'exposition propose une réflexion en images sur la société iranienne.
Quand tu mourrais, 2008 «Dans cette série, j’ai utilisé de vieilles photographies de studio de deux célèbres photographes iraniens, Chehrenegar de Shiraz et Ajamian de Téhéran. Ces images parlent du temps, d’un temps où la vie était plus paisible et humaine. J’ai cherché à donner une nouvelle voix à ces photographes. Les photographies ont été prises dans la cour d’un vieux studio de photographie, celui de Chehrenegar – disparu aujourd’hui –, à la lumière du jour, car à l’époque la lumière artificielle n’existait pas. Ces photographies comportent trois couches : la première est l’image originale, la deuxième un tissu ou des fleurs séchées, et la troisième, le reflet de l’environnement dans un miroir, mon- trant ainsi l’instant présent qui meurt de nouveau. Ce travail est un hommage à ces deux célèbres et précieux photographes de studio d’Iran».
© Rana Javadi - série Quand tu mourrais, 2008
On peut voir dans cette série des collages de négatifs de mariages des années 50 et 60 en Iran où les mariés, habillés à l’occidentale, posent dans une pièce vide. La photo d’un objet (un cadre en bois sculpté, une pochette de laquelle dépasse une photo d’identité, une tunique brodée...) accompagne chaque négatif.
© Rana Javadi - série Quand tu mourrais, 2008
Les images de Rana Javadi, interrogent l’Iran d’aujourd’hui, juxtaposant tradition, archaïsme et modernité.
Photographe autodidacte, Rana Javadi travaille depuis 1989 en tant que Directrice de la Photo- graphie au Bureau de la Recherche Culturelle à Téhéran. Elle est aussi membre au conseil éditorial de Aksnameh (journal trimestrielle de photographie) et membre du jury pour des concours de photographie. De 1977 à 1999, elle a dirigé, le premier Musée de la Photographie en Iran, Akskhaneh Shahr.
«Cela fait un moment maintenant que j’erre dans la capitale iranienne, sans objectif ni plan. Je suis né ici, à Téhéran, mais je me sens comme un voyageur dans ces rues, désorienté et parfois dépaysé. La ville est prise dans un processus continuel de changement, comme un work in progress, un chantier qui s’étend, change de forme et de fond, qui ne reste jamais stable. Et c’est précisément cette instabilité qui fait que le natif de Téhéran que je suis a toujours l’impression d’être un étranger ici : on se réveille et l’artère principale de la capitale, qui a toujours été une rue à double sens, se transforme en un couloir à sens unique !
© Arash Fayez - Promenade d’un flâneur , 2011
La place Enghelab, où beaucoup de sang a coulé lors de la Révolution, est aujourd’hui ornée de magnifiques fleurs, comme pour cacher les cadavres de l’Histoire. Dans ces promenades, j’ai pris des photos de tout ce qui me laissait une impression d’étrangeté : séries éparses d’images de la mégalopole, des quartiers que j’ai visités, de choses que j’ai aimées ou détestées. Mes images sont celles d’un voyageur qui est, par définition, de passage. A ceci près que ce passage dure plusieurs années. Malgré tous les souvenirs que les différentes parties de la ville évoquent, ces photographies Polaroïd forment l’image, vraie ou fausse, d’une ville désordonnée, chaotique, mais presque attachante. Promenades d’un flâneur est dédié au travail de deux photographes : Walker Evans, le maître de l’ordinaire, et Mehran Mohajer, qui a immortalisé Téhéran».
«Mon utopie expirée est consacrée à ma ville Téhéran, que je sens avoir perdue. Un lieu où je vis, mais qui me manque. Dans cette série, j’ai enregistré des repères spécifiques de Téhéran. Des endroits que nous prenions pour acquis il n’y à pas si longtemps sont soudain devenus significatifs dans nos mémoires à cause des événements récents de notre pays, et en particulier ceux de notre capitale».
Arash Fayez est né en 1984 à Téhéran, en Iran. Diplômé en architecture. En 2004, il reçoit le prix du photojournalisme Kaveh Golestan.
Le travail de Hawar Amini illustre des allers-retours récurrents du passé au présent évo- quant une séparation entre un espace intérieur et un espace extérieur. Derrière ces judas, de l’autre côté, on distingue les traces d’un temps révolu, d’un monde enfoui : une photo de famille, une empreinte digitale.
«Dans mon travail, je me remémore le passé. Le passé dont je parle n’est pas si loin de nous. C’est le passé des gens qui partagent le même sang et appartiennent à la même terre. Je suis le fils de la guerre, le sang, la danse, la fierté, la frustration et je veux être chroniqueur de tout cela».
Hawar Amini est né en 1981 à Marivan, dans le Kurdistan iranien, diplômé de l’Université d’Ispahan en Iran, section peinture.
Vignette : © Rana Javadi - série Quand tu mourrais, 2008