Journée de la liberté de la presse : événement au siège de l’ONU à New York (3 mai 2012)
A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, la France organise au siège de l’Organisation des Nations unies à New York, en partenariat avec la Grèce et l’Unesco, une conférence débat sur la protection des journalistes dans les conflits armés.
Andrei Netto, correspondant à Paris du quotidien brésilen O Estado de São Paulo, arrêté et détenu en Libye en février 2011 par une milice loyale au colonel Khadafi, témoignera de son expérience, ainsi que Carolyn Cole, photographe au Los Angeles Times, et Adrees Latif (Pakistan), prix Pulitzer, photographe de l’agence Reuters.
De nombreuses personnalités du monde des ONG, notamment du Committee to Protect Journalists et du CICR ainsi que des agences humanitaires de l’ONU apporteront leur expertise.
Déclaration de Alain Juppé, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes
« En cette journée internationale de la liberté de la presse, je pense en premier lieu à Lucas Deloga, Gilles Jacquier et Rémi Ochlik, journalistes et photographes français morts au cours des derniers mois en reportage en Tunisie et en Syrie, ainsi qu’à leur famille et à leurs proches. J’ai souhaité que le ministère des Affaires étrangères et européennes leur rende hommage en présentant leurs photos les plus emblématiques des Printemps arabes et de leurs aspirations démocratiques sur le site France diplomatie.
Tunis, janvier 2011 : les manifestants prennent la rue pour dénoncer la politique que leur président Ben Ali mène depuis 24 ans © Lucas Deloga
Cette journée est aussi l’occasion pour moi de rappeler la forte mobilisation de la France, à Paris et à Bogota, pour obtenir la libération de Roméo Langlois de France 24, retenu en Colombie depuis samedi.
L’an passé, selon les chiffres de Reporters Sans Frontières, ce sont près de 66 journalistes qui ont été tués, tandis qu’un millier d’entre eux étaient arrêtés et emprisonnés.
Je veux rendre hommage à tous ces journalistes qui payent de leur vie ou de leur liberté l’exercice d’un métier souvent dangereux, au service de la recherche de la vérité, dans des pays déchirés par des conflits violents ou tenus par des dictateurs.
Il nous faut saluer le courage de tous ceux qui, partout dans le monde, défendent au péril de leur vie ce droit fondamental qu’est la liberté de la presse et la liberté d’expression, alors que les atteintes à ce droit, universel, essentiel, persistent dans de nombreux pays.
11 mars 2011, Libye : les forces d'opposition combattent les troupes du colonel Kadhafi à la lisière de la ville pétrolière et point stratégique, Ras Lanouf. © Rémi Ochlik
Le libre exercice du métier de journaliste constitue une priorité dans notre politique de défense des droits de l’Homme. Chacun voit en effet que le premier réflexe des ennemis de la liberté, c’est de bâillonner la presse, que les premiers alliés des combattants pour la liberté, ce sont des medias libres. La France est à cet égard particulièrement vigilante pour la liberté du cyber espace. »
Hommage à Lucas Dolega, Gilles Jacquier et Rémi Ochlik
A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse et pour marquer l’attachement de la France à cette liberté fondamentale, le ministère des Affaires étrangères et européennes rend hommage à Lucas Dolega, Gilles Jacquier et Rémi Ochlik, journalistes et photographes français morts en reportage, en Tunisie (2011) et en Syrie (2012).
A travers eux, le Quai d’Orsay rend hommage au courage, à la liberté, au talent des photographes et des journalistes qui partout dans le monde, malgré la censure et la répression, prennent des risques pour nous informer sur les réalités du mondes et pour nous alerter contre la manipulation des informations et des idées.
En exerçant leur métier, leur devoir d’informer, c’est aussi notre liberté qu’ils défendent. Ils mettent des mots, des images et des sons sur les souffrances, et aussi sur les espoirs de ceux qui, sans eux, seraient condamnés au silence.
Le 17 janvier 2011 à Tunis, Lucas nous quittait alors qu'il couvrait la "Révolution du Jasmin" (© Corentin Fohlen)
Journaliste franco-allemand, Lucas von Zabiensky Mebrouk Dolega a été tué le 17 janvier 2011 à Tunis.
Après avoir débuté son activité de photojournaliste au Nouvel Obs, il part couvrir le conflit israélo-palestinien en 2002. En 2006, il intègre les agences EPA et EFE et couvre l’actualité mondiale : affrontements autour du CPE (Contrat Première Embauche) à Paris en 2006, guerre civile du Nord Kivu au Congo en 2008, rébellion des "chemises rouges" à Bangkok en 2010 et enfin "Révolution de Jasmin" en Tunisie en 2011. Le 14 janvier 2011, il est touché par un tir de grenade de gaz lacrymogène et meurt trois jours plus tard dans une clinique.
Lucas Dolega a été le premier journaliste étranger à être tué en Tunisie et pendant le Printemps arabe.
Gilles Jacquier à Jérusalem en 2008 (© Caroline Poiron)
Journaliste français pour le magazine Envoyé spécial de France 2, Gilles Jacquier a été tué le 11 janvier 2012 à Homs en Syrie.
Distingué par plusieurs grands prix de journalisme dont le prestigieux Prix Albert-Londres audiovisuel en 2003, Gilles Jacquier avait commencé sa carrière de grand reporter en 1999.
Gilles Jacquier en Afghanistan en 2009 (© Caroline Poiron)
Il a couvert de nombreux conflits : Irak, Afghanistan, Kosovo et le conflit israélo-palestinien, pendant lequel il avait été blessé par un tir de sniper à Naplouse, en 2002.
Gilles Jacquier a été le premier journaliste occidental tué en Syrie.
Rémi Ochlik (© Rémi OCHLIK/IP3)
Photographe de guerre français, Rémi Ochlik a été tué le 22 février 2012 lors du bombardement du quartier de Baba Amro à Homs en Syrie.
En 2004, alors qu’il n’a pas encore terminé ses études, il part couvrir les manifestations contre du président Aristide en Haïti. Son travail est couronné du prix Jeune Reporter François-Chalais et diffusé lors du festival Visa pour l’Image de Perpignan.
14 janvier 2011 à Tunis : un jeune manifestant tunisien pleure car la police secrète à torturé et tué son frère 5 ans auparavant. © Rémi Ochlik
Il fonde alors sa propre agence de presse, IP3 Press, dont le but est de couvrir les conflits dans le monde à l’instar de la guerre en République démocratique du Congo en 2008. En 2011, il couvre les révoltes et conflits des Printemps arabes en Tunisie, Egypte, Libye et Syrie. Il obtiendra plusieurs prix pour ses photos, y compris à titre posthume.