Pénombre © Didier Tallagrand
Galerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Exposition collective autour des rêves d’artistes Stéphane Belzère, Eva T. Bony, Jean-Marc Cerino, Carole Challeau, Nicolas Daubanes, Jean Daviot, Pablo Garcia, Salvatore Puglia, Gaëlle Lucas, Catherine Noury, Christian Roux, Skall, Didier Tallagrand.
« Ce sera comme quand on rêve et qu'on s'éveille, que l'on se rendort et que l'on rêve encore. » Paul Verlaine
Proust déclarait ainsi : « Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre. » Les rêves sont donc ces voyages intérieurs qui nous emportent vers un ailleurs dans lequel nos pensées les plus intimes divaguent. Et, de ces errances chimériques, les songes se révèlent parfois être de véritables sources d’inspiration. Convoquer le regard des artistes sur ce thème, c’est sans aucun doute découvrir une part sensible de leur être mais c’est aussi accéder à la perception du monde qui les entoure.
Treize artistes ont donc été réunis pour nous livrer leurs rêves, qu’ils soient de nature mythologique, romantique, poétique, utopique ou encore éveillés. Ainsi, avec l’installation d’Eva T. Bony, nous nous remémorons le premier rêve de l’homme qui, les yeux grands ouverts, regardait le ciel pour mieux appréhender le cosmos et de cette façon se comprendre lui-même. Cela nous ramène aux œuvres de Stéphane Belzère, de Carole Challeau et de Gaëlle Lucas qui, par la projection de leur corps, laissent entrevoir les fantasmes et les désirs les plus intimes. Nous nous berçons des histoires mythologiques et poétiques racontées par Salvatore Puglia et Catherine Noury pour retrouver le rêve obsessionnel de Christian Roux autour de sa théière déclinée en 72 dessins.
Avec ses Ecarts de mots, les images de Jean Daviot offrent un champ libre à notre imagination tandis que l’œuvre de Skall nous fait partager son univers baroque. Intitulées Pénombre, les photographies de Didier Tallagrand sont empreintes d’une atmosphère mélancolique portant à une rêverie comme dans la plus grande tradition romantique. Mais, ce sont les images de Pablo Garcia, représentant des vues actuelles de lieux de mémoire comme les camps de concentration, qui nous font dépasser cet onirisme pour aller vers le cauchemar. La question de l’enfermement est également abordée dans les dessins sur les prisons de Nicolas Daubanes, et par conséquent celle de l’évasion, celle de l’esprit qui se veut être ailleurs.
Cette pérégrination s’achève sur l’hommage de Jean- Marc Cerino rendu à l’une des figures les plus emblématiques de la peinture moderne : Malevitch. Révolutionnaire aussi bien artistique que politique, la posture du Russe inscrite dans l’histoire rappelle que l’art et la politique peuvent, chacun à leur manière, changer la société.Utopie sociale, certes, mais également le rêve d’un artiste qui ne reste jamais indifférent au monde qui l’entoure.
Une confrontation éclectique qui se veut tout aussi rêveuse...
Christine Blanchet Historienne de l’art, commissaire d’exposition.
Pénombre © Didier Tallagrand