© Margorzata Lempicka-Brian
La transgression est avant tout un passage, une transformation, un mouvement vers ce qui est présent, bien que caché. Au-delà de l’ordre existant, de notre condition, du quotidien, au-delà de l’horizon le plus éloigné de la conscience ... Tout acte de création est un acte de transgression ouvrant de nouvelles possibilités. Il permet aussi de nous faire revivre le passé en faisant appel à la mémoire - un acte de transgression particulier qui nous rappelle ce que nous sommes et d’où nous venons. Le projet artistique de Malgorzata Lempicka-Brian est justement un tel acte de dépassement-infiltration, qui nous confronte aux deux aspects de ce concept.
Artiste native de Szczecin, elle parle de l’expérience inscrite dans l’histoire de cette ville dans laquelle histoire et destins individuels s’entremêlent, où l’identité culturelle et nationale est un problème aux aspects multiples, caractéristique des zones frontalières. La thématique sociologique liée à l’histoire du lieu est aussi une problématique très personnelle, le regard porté n’est pas celui d’un témoin ou d’un commentateur. Le décalage, caractéristique de «Transgression», se situe dans une double perspective – l’appareil photographique à l’extérieur, et l’artiste qui ne vient pas du dehors mais de l’intérieur. C’est une question importante qui concerne un aspect fondamental de la compréhension de l’image utilisée. Ce regard extérieur d’une vérité objective a une fonction documentaire. Le regard intérieur, en revanche, est la manifestation concrète de l’expression et du choix de l’artiste qui cesse d’être un observateur étranger et construit par son geste un discours issu d’émotions et de convictions personnelles.
Texte : © catalogue de l’exposition « Transgressions »
Vignette : © Margorzata Lempicka-Brian