En finir avec l'extension du pire © Hélène Delprat
Galerie Christophe Gaillard 5 rue Chapon 75003 Paris France
« Si Eric Rohmer n’en avait pas fait le titre d’un de ses films, j’aurais volontiers intitulé cette visite du travail d’Hélène Delprat : « La Collectionneuse ». En effet, elle cueille, elle ramasse, elle collecte, elle collectionne les images. Loin du poète de la ville moderne et du philosophe de la flânerie elle herborise pourtant. Elle ne se penche pas vers le bitume pour ramasser des restes de l’activité urbaine afin d’en construire un nouveau Merzbau ou même tout simplement des collages. La collectionneuse Hélène Delprat relève plutôt d’une diariste en images, d’une sœur des frères de Limbourg, entrepreneuse d’un volume contemporain de « riches heures de sa vie ». […] Si la pulsion archiviste et flâneuse relève évidemment d’une allure dix-neuviémiste, ce n’est pourtant pas à ce siècle auquel l’essentiel de la figuration d’Hélène Delprat renvoie. Son iconographie emprunte plutôt au siècle précédent, celui des Lumières, des libertins, des encyclopédistes matérialistes et des fidèles des boudoirs, des habitués des salons et des cabinets de curiosités obscènes. C’est ainsi que des personnages obsédants hantent ce premier tome dont le titre « extension » en promet d’autres. […]
C’est dire combien cette « extension du pire » renvoie à l’interminable et irrépressible contamination des images, processus anachronique et énergie transgressive qui fondent les primordiales possibilités et conditions de l’art : la citation, le réemploi, l’influence, l’imitation... L’art c’est le vol, c’est le crime. Fantômas est donc bien à sa place ici, semeur de mort, faucheur des temps modernes. Inventaire, encyclopédie, fausses confidences, ces conférences demeurent néanmoins des confidences ». Dominique Païni
© Texte: Galerie Christophe Gaillard