Série La petite dans la fôret profonde, 2012 © Damien Guillaume / agence révélateur
L'Etoile du Nord Théâtre 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris France
L’exposition Fenêtres sur scène - Acte II est présentée dans le cadre des résidences du théâtre de l’erre et de l’agence révélateur à L’étoile du Nord pour la saison 2011-2012.
Fenêtres sur scène - Acte II, est la deuxième partie d’un dialogue entamé en novembre dernier entre deux auteurs photographes, Damien Guillaume et Benoît Boucherot d’une part, et deux metteurs en scène Jacques David (Théâtre de l’Erre), et Jean Macqueron (L’étoile du Nord), d’autre part.
Ce "deuxième acte" poursuit la plongée de Damien Guillaume dans le travail de Jacques David dont le projet de résidence à L’étoile du Nord s’intitule «Variations intimes». Après le fait divers, abordé dans la pièce de Lars Norén «Le 20 novembre», présentée en novembre 2011, Jacques David a adapté deux textes de Philippe Minyana, «Anne-Marie» et «La Petite dans la fôret». Il offre ainsi au spectateur un parcours au coeur de nos regards intimes dans des contextes de représentations singuliers. Le "troisième acte" de ce dialogue se déroulera en mars et avril prochain entre Benoît Boucherot et Emilie-Anna Maillet (Compagnie Ex Voto à la lune) pour les représentations de la pièce de Jon Fosse, hiver.
Cette exposition est l’occasion de revenir sur la première collaboration entre Damien Guillaume et Jacques David pour «Le 20 novembre» , de l’auteur suédois Lars Norén. Cette pièce s’intéresse au crime du XXIème siècle, plein de haine et de désespoir. Inspiré par le drame d’Emsdetten en Allemagne (un adolescent ouvrit le feu sur ses anciens camarades de lycée avant de se donner la mort), ce spectacle activait sous nos yeux les contradictions d’une société qui se veut être la grande protectrice de ses enfants.
Fidèle à ses séries Mythes décisifs et Natures mortes, Damien Guillaume impose ses couleurs dans des clichés à l’origine en noir et blanc. C’est cette double distorsion de la réalité qu’il a utilisée pour s’approprier les mises en scène de Jacques David et le jeu des acteurs. Une ambivalence dans le traitement de l’image, navigant entre un noir et blanc originel mais déréalisé, et les couleurs qu’il ré-attribue non pas vers le reportage mais vers une autre perception du réel. En cadrant au plus près le visage des acteurs, un corps, une main, un regard, en isolant accessoires et espace de répétition et de recherche, Damien Guillaume propose une vision suspendue, teintée d’humour, de la préparation de ces mises en scène. La construction de ses images est à la fois sensuelle et plastique. Elle nous permet de toucher du doigt l’engagement artistique et humain dans le jeu et la mise en scène, mais aussi la concentration et le doute intrinsèques à toute création. L’ajout de couleurs non réelles permet également de prendre une certaine distance par rapport au sujet de cette série pour en faire une allégorie de la création artistique dans son ensemble. Une mise en abîme de la mise en scène et de la photographie elle-même, dans son rapport réalité/fiction.