© Yvon Bobinet
Très utilisée désormais dans le cinéma, la 3D reste un procédé marginal en photographie. Avec ses séries d’images en relief, Yvon Bobinet étonne et détonne. A travers cette technique, le photographe s’amuse des images et des mots pour entrer en interaction avec le spectateur. Il joue avec les impressions, mêlant ingénieusement réel et imaginaire.
Pour produire ses images en relief, Bobinet a choisi l’approche binoculaire. Nom compliqué pour un procédé enfantin qui sied à l’espièglerie de l’auteur.A l’aide de deux appareils fixés côte à côte, le photographe prend deux clichés en simultané, chacun selon un angle de vue légèrement différent. Les photographies sont ensuite traitées de sorte qu’il ne reste qu’un cliché vert et un cliché rouge. Juxtaposées, les images forment un anaglyphe, image en relief que l’on peut visionner à l’aide de lunettes filtrantes.
Depuis vingt ans, Bobinet réalise des séries d’anaglyphes. Pourquoi ce choix ? Tout d’abord, selon l’artiste, les images produites, même vues sans lunettes, présentent un intérêt et une lisibilité particulière. Elles suscitent la curiosité.
C’est aussi la nature de l’espace stéréoscopique qui a séduit le photographe. En effet, cet espace n’existe que si l’on prend le temps de le regarder. La magie des lunettes filtrantes fait aussi que l’image apparaît uniquement pour une personne, pendant un temps compté et intime. Le spectateur peut alors s’approprier l’espace mais il prend également conscience de sa fragilité et de sa fugacité. La 3D confère par ailleurs une sensation de proximité, l’idée d’un espace que l’on pourrait toucher en tendant la main. Le spectateur peut alors se sentir impliqué dans ce qu’il observe.
Ce ne sont plus des images que le photographe se plait à créer, mais bien des mondes.
© Le Sel