
© Philippe Sicre
Fondation Carzou 7-9, rue Elémir Bourges 04100 Manosque France
" Alors qu’un article de La Provence daté du 10 décembre 2011 annonce la mise à l’eau de l’André-Malraux, le nouveau navire de recherches archéologiques du Ministère de la Culture et estime entre 15 à 20 000 le nombre d’épaves immergées dans les eaux françaises, la Fondation Carzou choisit d’exposer le travail photographique de deux passionnés d’épaves marines.
Après les photographies burlesques de Lucien Mermet-Bouvier qui faisaient la part belle à la mise en scène nous avons souhaité montrer une autre forme de photographie, une photographie davantage esthétique qui joue avec les formes, les cadrages, les contrastes et invitent à la poésie. Depuis toujours, les épaves marines fascinent et alimentent l’imaginaire des hommes; elles symbolisent l’aventure, évoquent la destruction et appellent le mystère. Chaque épave possède une histoire, un trésor, un secret qui ne seront jamais totalement découverts mais qui en font un objet saisissant d’humanité, à la fois fragiles face à la puissance de l’océan et incroyablement solides – elles ont parfois traversé des centaines d’années ! – leur charge émotionnelle est intense.
Simple petit bateau de pêche ou cuirassé, elles sont le résultat d’une épouvantable tragédie, d’une erreur humaine ou simplement d’un abandon. Sur terre ou dans l’eau, en Bretagne ou à Marseille, elles livrent leurs entrailles imprégnées de récits et de souvenirs, dressent un pont entre le passé et le présent ; comment ne pas être tenté, lorsque l’on est photographe, de capter ces âmes échouées ?
Philippe MURA et Philippe SICRE sont tombés tous les deux amoureux de ces squelettes de bois et d’acier et s’efforcent, par le biais de la photographie, de rendre compte de leur beauté et de l’émotion qu’elles dégagent. De superbes clichés en noir et blanc et en couleurs qui ne peuvent laisser indifférent. "
Aude Mazel, attachée culturelle.
L’exposition se déroule en deux temps, la première salle étant consacrée à Narcoses, titre que Philippe MURA a donné à l’ensemble de son travail se référant à l’état de somnolence et d'engourdissement que l’on peut ressentir sous l’eau, l’ivresse des profondeurs en quelque sorte. Des clichés noir et blanc pris sous l’eau dans la baie de Marseille et agrémentés de textes poétiques écrits par Paul ROBIN, écrivain distingué par l’Académie de Marine.
La seconde salle abrite les photos en couleurs de Philippe SICRE regroupées sous le titre « Requiem pour une épave ». Il s’agit d’un hommage que l’auteur à souhaité rendre à ces vieux bateaux en bois vermoulus qui finissent leurs jours au bord de la ria sur la côte Bretonne ; il leur donne ainsi le repos éternel.
© Philippe Mura
© Philippe Sicre