Le photojournalisme connaît actuellement une période de mutation, rendue amère par les difficultés de la presse à financer de si complexes et lointains reportages. Compte tenu de ces nouvelles contraintes, la Fondation Carmignac Gestion a voulu donner aux photoreporters, témoins essentiels de notre temps, les moyens d’aller là où les autres ne vont pas et de nous donner à voir la réalité masquée par la distance et la quête permanente de sensationnel à laquelle les médias n’ont de cesse de se livrer. En 2009, cette ambition a conduit à la création du prix du photojournalisme Fondation Carmignac Gestion. Le présent ouvrage met pour la première fois en lumière le reportage, inédit, réalisé trois mois durant en terre pakistanaise par le jeune photojournaliste romain Massimo Berruti. Son terrain d’investigation n’est autre que les sociétés afghanes et pakistanaises, leurs mutations, leurs vies d’otages et de conflits qui dépassent largement la dimension de la région. C’est au péril de sa vie que l’auteur a choisi de partager le sort si difficile de ces populations et leur combat pour la liberté. Le photographe travaille en noir et blanc. Sa force réside dans le jeu des regards qui se croisent et nous interpellent par un cadrage strict et fluide. À l’oeil de l’artiste s’ajoute le regard d’un journaliste humaniste, qui se doit de n’en occulter ni la brutalité ni les fragments de beauté subreptice. Son objectif est de traquer la vérité et d’en rendre compte fidèlement, dans sa dimension à la fois tragique et humaine, sans craindre d’affronter les situations de détresse extrêmes. Il nous informe ainsi sur certaines coutumes des populations locales et contredit les clichés pesant sur celles-ci, qui ne soutiennent pas nécessairement la cause des talibans. Ainsi, on croise le regard de ce chef lashkar, né à ce carrefour singulier que forment les zones tribales sur la carte des grands enjeux mondiaux, entre allégeance pakistanaise et mémoire d’un passé afghan. Ce vieil homme ne défend pas seulement la vie des siens ni la terre de ses ancêtres, il livre avant tout un combat intérieur où son âme est en jeu. Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’il mène cette bataille reçue en héritage, et c’est ce que montre la gravité de son regard. Sur le papier, la mission de Massimo Berruti se résume à un simple mot : témoigner. Mais c’est sur le terrain qu’ensuite tout commence…
Après avoir travaillé pour de grands magazines italiens et européens, tels l’Espresso, Internazionale, D la Repubblica delle Donne, Le Monde 2, ou encore The Independent, Massimo Berruti, jeune photoreporter romain âgé de trente-deux ans, membre de l’agence vu’, a fait des sociétés pakistanaise et afghane ainsi que de leurs zones tribales - berceau du terrorisme mondial qui abrite les camps d’entraînement des talibans et d’Al-Qaïda - son terrain privilégié d’investigation. Maintes fois récompensé depuis 2007, son travail lui a tout récemment valu d’être le lauréat de la seconde édition du prix Carmignac Gestion du photojournalisme.