© Lucien Hervé
En 1949, Lucien Hervé passe une journée entière à photographier le chantier de la Cité Radieuse que Le Corbusier est en train d’édifier à Marseille. Il envoie le résultat de ces prises de vues à l’architecte, qui lui répond avec enthousiasme. Une collaboration débute, qui durera une quinzaine d’année, jusqu’à la mort de Le Corbusier.
Pour classer et présenter son travail, Hervé rassemble, par thème, sur des fiches cartonnées, les images qui l’intéressent. Ce sont soit des tirages de petit format, soit, plus généralement, des photos découpées dans ses planches contact. Ce système de visualisation intéresse Le Corbusier, qui demande à Hervé de lui en fournir systématiquement un double. Ainsi, les images sont répertoriées en double exemplaire, l’un restant chez Hervé et l’autre chez Le Corbusier, qui peut lui indiquer la référence des images dont il a besoin.
La Fondation Le Corbusier a conservé environ 1200 de ces planches en parfait état (Celles de l’atelier d’Hervé, par contre, ont été souvent amputées, disloquées : elle étaient un outil de travail que le photographe a malheureusement usé au fil du temps). Les éditions du Seuil viennent de publier un choix de reproductions en fac-similé de ces planches : Le Corbusier / Lucien Hervé, Contacts (Textes de Béatrice Andrieux, Quentin Bajac, Michel Richard, Jacques Sbriglio).
Faisant suite à cette parution, la galerie Camera Obscura, qui expose régulièrement le travail de Lucien Hervé depuis 1993, présentera du 12 janvier au 25 février 2012 une exposition rassemblant à la fois des planches, des tirages (agrandissements ou contacts) d’époque, et des tirages modernes.
La confrontation de matériaux de travail (planches composées, contacts seuls), et de tirages aboutis, est très riche d’enseignements sur le travail du photographe. Ces planches nous montrent le choix initial qu’Hervé réalise peu après la de prise de vues : étape déterminante pour la construction de son oeuvre.
Puis, au fil du temps, une suite de décisions, d’opportunités, de commandes, va finalement extraire de cet ensemble les quelques dizaines d’images qui resteront, pour la postérité, la quintessence de son regard.
Il est donc intéressant de confronter ces «classiques» au large choix d’images dont ils sont issus : on peut ainsi en apprécier la valeur, mais aussi découvrir des photographies ou même des parties entières d’une oeuvre restées dans l’ombre, inédites.
D’autre part, ces planches ont leur beauté intrinsèque : peintre, dessinateur, adepte du collage, Hervé a transmis à ces fiches de travail un peu de sa fantaisie et de son talent graphique.
Notre exposition sera centrée, comme le livre, sur le travail sur Le Corbusier, mais nous montrerons aussi d’autres facettes de Lucien Hervé, qui, en humaniste socialement engagé, se passionnait tout autant pour vie des hommes que pour l’architecture.
Vignette et images : © Lucien Hervé