© Denis Darzacq, Galerie VU', Joanne Haines
Les fêtes de Noël approchent, entraînant dans leurs sillages le moment fatidique des cadeaux. Mais que faire lorsque l'idée n'est pas au rendez-vous ? La rédaction d'Actuphoto a choisit pour vous le cadeau idéal et original ; l'exposition de Denis Darzacq à la Galerie VU'. L'artiste nous propose de vivre un moment poétique grâce aux séries Act et Recomposition I & Recomposition II visibles jusqu'au 7 janvier (http://actuphoto.com/20077-la-galerie-vu-accueille-les-travaux-de-denis-darzacq.html).
Dans la lumineuse galerie, le travail de Darzacq apparaît au premier abord comme une réflexion sur le mouvement. La série Act se base sur une étude de trois ans dans différents pays européens. C'est le résultat d'un long travail où le photographe a appris à connaître ses sujets. Denis Darzacq met en avant des corps qui tombent, s'étreignent ou agissent. Petit à petit, on distingue que les sujets sont handicapés. Mais cette réalité n'est pas frappante, c'est là que réside toute sa sensibilité. On sait qu'il a notamment travaillé avec l'équipe handisport de basketball de la ville de Paris mais aussi d'autres groupes.
© Anna ACQUISTAPACE
C'est une atmosphère. En quelques mots, la galeriste nous résume l'approche du photographe dans cette série ; « Pour lui, l'atmosphère dans laquelle se trouve le sujet photographié est une chose très importante. » On en doute pas une seconde. Les décors sont atypiques, comme ce jeune couple allongé, main dans la main, sur le tapis d'une mairie. Ils sont aussi très naturels, avec des plans en extérieur, comme le cliché de ce jeune homme, Adrien Kempa, se baladant en forêt (Act 29).
© Denis Darzacq, Galerie VU', Adrien Kempa
Denis Darzacq semble avoir travaillé sur la dignité. Au vu du sujet, on aurait pu imaginer un parti pris violent et dénonciateur, mais il n'en est rien. Le photographe dévoile avec douceur une part de l'intimité de ces corps que l'on devine bancales et « imparfaits ». Mais qu'est-ce que l'imperfection par rapport à la beauté ? Car ce sont réellement des images d'une beauté époustouflante. Les protagonistes semblent vouloir dire « action ! » dans l'incarnation de leurs propres vies. On pourrait croire à des danseurs, tant l'expression des corps prend vie sous l'objectif du photographe.
© Denis Darzacq, Galerie VU', Alex Scholefield
On notera une certaine pointe de « choc » sur quelques photos de cette série Act. On pense à ce jeune trisomique placé dans une posture inhabituelle sur un canapé en cuir. L'émotion est vive, mais acceptable puisque diluée par le regard tendre du photographe. On pense à Diane Arbus, parallèle étonnant dans l'agenda des évènements photographiques parisiens de cet automne. C'est avec poésie et vérité que Darzacq met en avant ces « minorités ».
© Mathieu Steyer
Dans les séries Recomposition I & Recomposition II, le photographe change de registre et pose un regard critique sur la consommation, dans la continuation de sa fameuse série Hyper. A partir de montages réalisés en atelier avec des chaises Ikéa, des cartons, et autres éléments plastiques, les photos sont loufoques et délicieuses. L'étrangeté cède à la curiosité ; « Mais comment a-t-il fait ce cliché ? » est la question que l'on se pose lorsqu'on parcourt cette série. Ces images apportent un peu d'humour et de fraîcheur, non sans interroger sur l'autonomie relative des fragments d'objets présentés.
© Denis Darzacq, Galerie VU'
© Mathieu Steyer
Grâce au travail de Denis Darzacq, c'est une belle parenthèse que nous propose la Galerie Vu. Des clichés touchants et regorgeant de liberté, des montages dérangeants et étranges, le tout dans un lieu chaleureux et lumineux.
Lise Ménalque, mercredi 7 décembre 2011.