© MEDDTL - fonds MRU
Jeu de Paume / Château de Tours 25 avenue André Malraux 37000 Tours France
À la Libération, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) fut chargé de remédier aux destructions de la guerre autant qu’à la vétusté de l’habitat. Le terme de “reconstruction” témoigne bien de l’ambition non seulement matérielle mais aussi symbolique d’un tel projet : il s’agit alors de rebâtir une grande partie du pays tout en restaurant la dignité morale et la puissance économique de la France.
Dès 1945, un service photographique accompagne, en interne, l’activité du MRU, en documentant l’état du bâti existant et surtout les constructions nouvelles. Plus de 33 000 clichés sont ainsi réalisés jusqu’en 1958, date à laquelle le terme de “reconstruction” disparaît de l’intitulé du ministère. Avec la Ve République, débute alors une autre époque, celle des Zones à urbaniser en priorité (ZUP) et des villes nouvelles.
L’exposition présente une sélection de photographies issues de ce fonds en grande partie inédit et met l’accent sur quelques chantiers et enquêtes remarquables. Dans l’immédiate après-guerre, le MRU engage des « chantiers d’expérience » : parmi ceux-ci, divers types de maisons préfabriquées à Noisy-le-Sec, et la vaste reconstruction du centre-ville d’Orléans. Les « chantiers d’État » répondent, quant à eux, au besoin de la Reconstruction à grande échelle, par une multitude de programmes destinés à améliorer le logement d’une population qui s’accroît. Du Havre à Marseille, de Nantes à Strasbourg, les opérateurs du MRU enregistrent la naissance des grands ensembles.
Parallèlement, des « enquêtes sur l’habitat » accompagnent, au début des années 1950, les études sociologiques soutenues par le ministère dans les quartiers populaires de Rouen et Petit-Quevilly, en Normandie, du Chambon-Feugerolles, près de Saint-Étienne, de Montreuil- sous-Bois et Pantin, en région parisienne. Ces enquêtes témoignent d’une sociologie urbaine alors naissante et du problème persistant de l’habitat insalubre qu’allait dénoncer l’abbé Pierre en 1954. On y découvre l’intérieur des logements ainsi que des portraits de leurs habitants. Étonnantes, la plupart des photographies prisent à cette occasion, sont dues à Henri Salesse, photographe au MRU pendant près de trente ans.
Ces images furent réalisées, à des fins de documentation pour le compte d’un ministère, par des opérateurs salariés qui participaient d’une chaîne de création collective entre les commanditaires et les diffuseurs. Comme telles, elles constituent un bon exemple de cette production “grise” (administrative ou industrielle) que l’histoire de la photographie commence à étudier. Aujourd’hui, leur intérêt peut être reconnu, sans opposer le contenu d’information, qui demeure, à la qualité photographique d’un grand nombre d’entre elles, que l’on commence à découvrir. L’exposition est la première spécifiquement consacrée au fonds photographique du MRU, aujourd’hui conservé par la photothèque du ministère de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement. Elle réunit quelque 130 tirages noir et blanc, des diaporamas conçus pour l’exposition et des films d’époque ainsi que des publications et documents.
Rue de l’Amitié, Rouen, septembre 1951. Photographie : Henri Salesse © MEDDTL - fonds MRU
Pilotis extrême sud de la cité Le Corbusier, Marseille, 1949. Photographie : Verdu © MEDDTL - fonds MRU