© Benoît Boucherot
Théâtre l'Etoile du Nord 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris France
Après Corps révélé(s), exposition collective inaugurant la résidence de l’agence révélateur à L’étoile du Nord théâtre à l’occasion du festival chorégraphique Turbulences, deux des photographes de l’agence partagent leur regard sur le processus de création de deux pièces inédites du théâtre. Chacun à leur manière, dans la continuité de leurs recherches artistiques, Benoît Boucherot et Damien Guillaume se sont livrés à un exercice délicat et spontané, dont le résultat ne sera dévoilé que le 8 novembre et pour toute la durée des représentations, jusqu’au 26 novembre 2011.
A coup sûr, l’énergie et l’introspection nécessaires à toute création seront au rendez-vous des photographies de cette exposition intitulée Fenêtres sur scène, colorisées pour Damien Guillaume, en noir et blanc pour Benoît Boucherot. Une surprise visuelle personnelle en même temps que la trace et la mémoire de l’acte théâtral.
C’est la mise en place respective de deux monologues inspirés par deux faits divers qui ont marqué la mémoire collective que Benoît Boucherot et Damien Guillaume ont saisie dans l’objectif de leurs appareils photographiques.
Dans La priapée des écrevisses, Christian Siméon, auteur et sculpteur parisien, nous dépeint dans ce texte le personnage de Marguerite Steinheil, dit «La pompe funèbre», dont la vie rocambolesque défraya la chronique au début du 20ème siècle. La mise en scène de ce spectacle est signée par Jean Macqueron, directeur de L’étoile du Nord. Durant les répétitions de ce monologue, Benoît Boucherot s’est attaché principalement au mouvement et à la matière de cette dramaturgie. Son objectif tourne autour de Françoise Vallon. Il s’empare de sa gestuelle pour en faire presque une chorégraphie, de l’intensité ou du désarroi de son regard, et plonge entre folie, fêlure et désespoir.
Avec Le 20 novembre (Acte I du projet «Variations intimes»), l’auteur suédois Lars Norén s’attaque au crime du XXIème siècle, plein de haine et de désespoir. Inspiré par le drame d’Emsdetten en Allemagne (un adolescent ouvrit le feu sur ses anciens camarades de lycée avant de se donner la mort), ce spectacle, mis en scène par Jacques David, active sous nos yeux les contradictions d’une société qui se veut être la grande protectrice de ses enfants. Fidèle à ses séries Mythes décisifs et Natures mortes, Damien Guillaume impose ses couleurs dans des clichés à l’origine en noir et blanc. C’est cette double distorsion de la réalité qu’il a utilisée pour s’approprier la mise en scène de Jacques David et le jeu de Jean-Pascal Abribat . Une ambivalence dans le traitement de l’image, navigant entre un noir et blanc originel mais déréalisé, et les couleurs qu’il ré-attribue non pas vers le reportage mais vers une autre perception du réel.
Série " Le 20 novembre ", 2011 © Damien Guillaume/ agence révélateur
Série " La priapée des écrevisses ", 2011 © Benoît Boucherot/ agence révélateur
Vignette et images : © Benoît Boucherot © Damien Guillaume / agence révélateur