© Eliane de Latour
Maison des métallos 94, rue Jean Pierre Timbaud 75011 Paris France
Des jeunes femmes se vendent dans la ville d’Abidjan où les clients savent qu’ils vont trouver des fraîchenies, des fraîches de 14 à 25 ans. Venues massivement du nord après la guerre en 2002, ces Go pratiquent une prostitution de survie. Oubliées des politiques d’aide au développement, elles vivent dans l’angle mort du monde.
Eliane de Latour a saisi ces jeunes femmes sur le vif, dans leur environnement. Son travail s’est essentiellement centrée sur des portraits posés, le jour, la nuit. à la recherche de leur subjectivité dans ces lieux fracassés. Dans un parcours scénographié, l’exposition dévoile une jeunesse sans-filet, massacrée. Révélant ces belles oubliées, Eliane de Latour signe un fascinant geste d’anthropologie engagée.
A travers un parcours scénographié par Mélanie Cheula, le visiteur découvre le quotidien des Go : les hôtels de passe, leurs gars, le jour, la nuit... des textes et une ambiance sonore imaginée par Eric Thomas permettent de mieux appréhender la réalité d’une population marginalisée. ces portraits sans masque mettent à mal les clichés sur ces jeunes femmes qui cherchent à sortir du carcan social dans lequel elles se sentent anéanties.
« La photo, arrivée par hasard, a été le moyen pour moi de pénétrer dans ces lieux traversés par les drogues dures et la violence. Je ne revenais jamais sans les tirages sur papier qu’elles s’arrachaient. Convaincues d’être la lie de l’humanité, elles se sont soudain trouvées belles dans ce reflet. Elles ont envoyé ces portraits à leurs parents, les ont utilisés pour leurs funérailles, gardés pour que leurs bébés n’aient pas une mauvaise image d’elles plus tard...» Eliane de Latour
Un ouvrage d’Eliane de Latour sur les Go de nuit est publié le 10 novembre 2011 aux éditions Taam’A (96 pages, 15 euros). Il est distribué par www.lalibrairie.com et sera en vente à la Maison des métallos lors de l’exposition.
VIgnette et images : © Eliane de Latour