Expositions du 21/09/2005 au 18/12/2005 Terminé
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France
« Le travail du photographe consiste, en partie, à voir les choses plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui la réceptivité de l'enfant qui regarde le monde pour la première fois, ou celle du voyageur qui découvre une contrée exotique… ils ont en eux une aptitude à l'émerveillement… » Bill Brandt
La Fondation Henri Cartier-Bresson présente - en collaboration avec le Bill Brandt Archive de Londres - un ensemble très rare de tirages d'époque réalisés par le grand photographe britannique Bill Brandt.
Précédemment montré à l'International Center of Photography de New York en 1999 et au Victoria & Albert Museum de Londres en 2004, c'est la première fois que cet ensemble est présenté en France.
Henri Cartier-Bresson disait de Brandt en novembre 1990 : « C'est quelqu'un que j'aimais beaucoup, avec une perception tellement sensible et très affirmée. Les portraits sont remplis de perspicacité avec un grand sens de la forme et des valeurs. » Pour l'exposition inaugurale de la fondation, Les Choix d'Henri Cartier-Bresson, il avait choisi de montrer une de ses œuvres
(Jarrow, 1937). Exacts contemporains, ils ont tous deux vécu la période surréaliste, qui les a grandement influencés. Bill Brandt fut l'élève de Man Ray, comme Lee Miller ou Berenice Abbott :
« J'ai eu l'immense chance de commencer ma carrière à Paris en 1929. Pour tout jeune
photographe, Paris était le centre du monde. C'était la période exaltante où les poètes et les
surréalistes reconnaissaient les possibilités qu'offrait la photographie. (…) Les travaux d'Atget
étaient enfin publiés. Il était mort méconnu, deux ans auparavant. Brassaï, Kertész et Cartier-
Bresson travaillaient également à Paris, comme Man Ray. »
Bill Brandt, d'origine allemande, s'identifia pleinement à l'Angleterre où il vécut la plus grande
partie de sa vie. Son œuvre souvent mélancolique mais extrêmement rigoureuse, s'écoule sur
près de cinquante ans et résume à elle seule les quatre grands genres de la photographie -
reportage, portraits, nus et paysages. L'exposition rassemble une centaine de photographies noir et blanc tirées par Bill Brandt lui-même – accompagnées de publications, écrits et
correspondances de l'époque - reprenant l'ensemble des phases de sa carrière:
* une première période - influencée par le surréalisme puis par le courant documentaire -
rassemble des images de Paris, de l'Europe et de l'Angleterre dans les années 1930 et 1940 :
photographies de rue, nuits urbaines inspirées par Brassaï, étude des contrastes sociaux dans
l'Angleterre de l'entre deux guerres, les mineurs du nord de l'Angleterre, et Londres pendant le
black out.
* les portraits de personnalités : Ezra Pound, Francis Bacon, René Magritte, Peter Sellers, Henry Moore, Graham Greene,… réalisés notamment pour Harper's Bazaar.
* les nus, photographiés dans des intérieurs victoriens puis en extérieur, sur les plages de galets du sud de l'Angleterre ou de la France.
* les paysages, inspirés par la scène littéraire britannique, comme les images emblématiques du West Country de Thomas Hardy et des Yorkshire Moors d'Emile Brontë.
Brandt considérait que le tirage était un stade fondamental pour l'achèvement d'une image et
consacrait beaucoup de temps au laboratoire : « Seul l'agrandisseur me permet de terminer mon travail de composition. Je ne vois pas en quoi cela pourrait altérer la vérité de la photo. » Pour lui, être photographe, c'était « mettre en scène une apothéose » .
L'exposition de la Fondation tente de retracer ce parcours intense où, finalement, seule compte la détermination de l'auteur à exprimer son imaginaire. En effet, bien que profondément touché par la situation difficile des mineurs du nord de l'Angleterre ou par Londres pendant la guerre,
Brandtn'hésitait pas à composer ses images en faisant poser des modèles : «J'ai souvent
l'impression d'avoir déjà vécu une situation présente, et j'essaie de la reconstituer telle qu'elle était dans mon souvenir. »
Puis, après la guerre, lassé par le genre documentaire, Brandt retrouve « l'approche
poétique » qu'il avait abordée auprès des surréalistes et notamment de Man Ray dont il avait été
l'élève à Paris : « Il me semblait qu'il y avait encore d'immenses champs non explorés. Je me suis mis à photographier des nus, des portraits et des paysages. » Son œuvre est empreinte de
mystère et d'étrangeté, de connotations symboliques, à l'image de ses deux films fétiches, Citizen Kane d'Orson Welles et Soupçons d'Alfred Hitchcock.
Bill Brandt va laisser totalement libre court à sa créativité : la théâtralité des paysages ou des
portraits, les nus « devenant un paysage imaginaire » (son contemporain britannique Cecil
Beaton disait de lui qu'il était « le Samuel Beckett de la photographie ») … Bill Brandt portraitiste
demeure très silencieux avec ses modèles. Il repère minutieusement les décors, fidèles à l'idée
qu'il se fait du personnage : « Je crois qu'un bon portrait se doit d'exprimer quelque chose qui
concerne le passé du sujet et donner à entrevoir quelque chose de son avenir. » Son style va
pleinement s'exercer dans les séries de « nus en extérieur », dont la singularité poétique et
sculpturale vise à l'infini.
L'œuvre de Bill Brandt figure aujourd'hui dans les collections les plus prestigieuses du monde,
notamment au MoMA à New York, au Victoria and Albert Museum à Londres, ou à la Bibliothèque nationale de France.
Exposition organisée par John-Paul Kernot, directeur du Bill Brandt Archive, gérée par Curatorial
Assistance Traveling Exhibitions. Commissaire de la présentation parisienne : Agnès Sire.
Parallèlement à l'exposition de la Fondation, le Musée Carnavalet présente l'exposition « Un amour de
Paris », photographies d'une amie de Bill Brandt, Dorothy Bohm (21 septembre - 11 décembre 2005: voir http://www.actuphoto.com/page.php?page=pronews/news_complete&id=2118, et la galerie Karsten Greve expose et représente Bill Brandt jusqu'au 10 octobre.
"Connaissance des Arts", magazine de référence de tous les arts et de toutes les
époques, s'engage depuis un an en faveur de la photographie en abordant les
multiples facettes que recèle le médium, de la photographie plasticienne au
photojournalisme, des pionniers de la photographie du 19e siècle aux artistes
émergents.
"Connaissance des Arts" s'est associé à la Fondation Henri Cartier-Bresson à
l'occasion de l'exposition « Bill Brandt ». Voir aussi: http://www.actuphoto.com/page.php?page=pronews/news_complete&id=2086
Ouvrages disponibles à la Fondation :
Brandt Icons
Bill Brandt Archive, Londres
30 pages, 16 €
Bill Brandt
Editions La Martinière
320 pages, 45€
Bill Brandt
Photopoche n°60
Horaires :
Du mercredi au dimanche de 13h00 à 18h30, le samedi de 11h00 à 18h45.
Nocturne gratuite le mercredi jusqu'à 20h30.
Dernière entrée 30mn avant la fermeture.
Fermé lundi, mardi et jours fériés.
Tarifs :
Plein tarif 5 € - tarif réduit 3 € - gratuit pour les Amis de la Fondation
Gratuit en nocturne le mercredi (18h30 – 20h30)
Métro et bus
Gaité, ligne 13, sortie n°1, vers la rue de l'Ouest ou Edgard Quinet, ligne 6
Ligne 28 et 58 arrêt Losserand-Maine ou ligne 88, arrêt Jean Zay - Maine
Francis Bacon © Bill Brandt
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France