© Rogerio Reis
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
FotoRio, Rencontre Internationale de la Photographie à Rio de Janeiro, a pour vocation de présenter des œuvres historiques et contemporaines issues des collections publiques et privées, le festival cherche à stimuler la réflexion autour de la production photographique brésilienne et internationale. En 2011, pour sa 5e édition sous la direction de Milton Guran, fondateur du festival, FotoRio a présenté 150 manifestations culturelles (expositions, interventions in situ, ateliers, tables-rondes, débats et conférences) dans une soixantaine de musées, centres culturels et galeries d’art de la ville de Rio. Trois des photographes de cette édition sont présentés cet automne à la MEP.
Commissaires : Milton Guran assisté de Cristianne Rodrigues.
Fernanda Magalhães, La représentation de la grosse femme nue dans la photographie, 1995
La série “La représentation de la grosse femme nue dans la photographie” est composée de 28 travaux réalisés en 1995. Au collage de photographies et de fragments de journaux et de magazines, s’ajoutent des textes, couleurs, lignes et formes, imprimés sur bâche plastifiée. Des images composées à partir d’autoportraits, mais également de photographies d’autres corps, réalisées par l’auteur pour évoquer les questions de la sexualité, de l’alimentation, de l’apparence, de la maternité et des tabous existant dans la construction de l’identité de la femme grosse, porteuse d’un corps nié, socialement invisible.
Edu Simões Gastronomie pour une dure journée de labeur, 2004
«En 2004, j’ai visité quelques bâtiments en construction à Sao Paulo et j’ai demandé aux ouvriers l’autorisation de photographier leurs gamelles. C’était l’heure du déjeuner et, même s’ils étaient affamés, la plupart d’entre eux ont accepté. Comme d’habitude au Brésil, chacun avait quitté sa maison pendant la nuit en apportant son repas, généralement préparé par leur femme ou quelqu’un de leur famille.
On sait qu’il y a une “hiérarchie de contenu”, en effet si chaque gamelle contient comme base des haricots ou du riz, dès lors qu’il y a de la viande, on comprend tout de suite que l’ouvrier vit bien. Si elle contient des abats de poulet ou de porc, cela veut dire qu’il tient encore le coup. Mais si par contre sa gamelle n’a entre son riz et ses haricots qu’un oeuf, le populaire ovo frito, c’est la pauvreté qui s’annonce. Il y a dans l’arrangement de chaque gamelle l’espoir que ce petit container puisse “tuer la faim” de son détenteur. Il y a dans le contenu la certitude d’une nouvelle journée de dur labeur.» Edu Simões
Rogério Reis, Personne n’appartient à personne, 2010
Au Brésil, la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres. Rogério Reis traite de la question de la propriété de l’image avec humour et sensualité, en recouvrant d’une bande colorée les visages des couples sur les plages de Rio. « Mon désir était de photographier au plus près de l’action, sans frein et sans menace de procès, comme on le faisait autrefois. La bande m’a permis de pratiquer une photographie devenue impossible sans l’autorisation préalable des personnes photographiées, une solution que j’ai trouvée pour interroger l’usage et le contrôle de l’image dans le monde contemporain ».
Vignette : © Rogerio Reis