© Lucien Mermet-Bouvier
Fondation Carzou 7-9, rue Elémir Bourges 04100 Manosque France
«En invitant Lucien Mermet-Bouvier à exposer dans ses salles, la Fondation Carzou confirme son désir d’évolution vers un centre culturel complet où les arts plastiques, notamment la création contemporaine, ont une place privilégiée.
En effet, Lucien Mermet-Bouvier est un photographe plasticien qui, dans une logique post-moderniste, utilise la technique photographique pour mettre en scène sa vision décalée des choses. Se détachant du photojournalisme à l’américaine, de la photographie appliquée et de la photographie humaniste à la française, il fait exploser les clivages entre les médiums, en concevant des tableaux photographiques empreints de pastiche et d’autodérision.
Lucien Mermet-Bouvier puise son inspiration dans le cinéma (Charlie Chaplin, Buster Keaton, Jacques Tati), la littérature (Rabelais, Ionesco), la chanson (Boris Vian, Bobby La Pointe), les arts visuels (Banksy, Paul Bury)... Il s’agit de s’approprier l’absurde et l’irrationnel.
Il met en scène de petites utopies réalistes qui annihilent toute logique et toute cohérence. Il n’y plus de règles, plus de barrières, juste la liberté de créer ! Son crédo ? L’idiotie ! Pour lui une façon de « Maîtriser les outils de l’intelligence, de les détourner au profit de la dérision ».
Mais au-delà de ses clichés hauts en couleurs, de ses clins d’œil humoristiques, il faut voir une véritable critique de notre société. Car il s’agit de dénoncer le conformisme, la torpeur et la banalité de notre vie quotidienne. En nous offrant des scènes que l’on peut qualifier de « loufoques », Lucien Mermet-Bouvier souhaite, le temps de quelques secondes, nous libérer de nos carcans idéologiques.
Et ce sont principalement les personnages qu’il met en scène (Jean-Jacques, Arso - "l’idiot qui veut faire rire le monde de ses travers, de ses incohérences, de ses maladresses") qui agissent comme révélateurs d’idiotie. Dans « Le siège de la peinture » (série JEAN- PAUL à PARIS), par exemple, Jean Claude pose, les mains recouvertes de peinture dorée et habillé d’un tee-shirt sur lequel on reconnait le marteau et la faucille, devant le Centre Pompidou, le célèbre pot doré de Jean-Pierre Raynaud dépassant à peine de sa tête.
Faut-il y voir une critique du marché de l’art, sorte de Bourse sur laquelle ou l’on peut spéculer et qui représente un pouvoir considérable (ici comparée à la dictature communiste) ? Rien de moins sûr...
Qu’on se le dise, la Fondation Carzou n’est plus un lieu d’exposition au programme flou et inconsistant, c’est dorénavant un lieu engagé artistiquement.»
Aude Mazel, Commissaire de l’exposition