Pour la rentrée,la galerie FOCALE reçoit PaoloWoods,artiste dévoué à de nombreux grands projets où se rejoignent photographie et journalisme d’investigation. Parti à la découverte de nombreux pays comme la Russie, l’Angola ou encore l’Afghanistan, il s’intéresse à des sujets économiques, politiques et de société et cherche à nous livrer des images fortes nous aidant à mieux comprendre le monde.
Chinafrica. Pour satisfaire ses besoins en pétrole, cuivre, uranium ou en bois, le gouvernement chinois envoie ses entreprises d’État et d’aventureux industriels en Afrique. C’est ce phénomène que documente Paolo Woods avec la série Chinafrica.
Au cours des dernières décennies, plus de 500’000 Chinois ont en effet afflué en Afrique sous l’impulsion de Pékin pour y faire fortune. La Chine a désormais pris la place de la France comme second plus gros partenaire commercial de l’Afrique. Pour beaucoup d’Africains, l’arrivée des Chinois représente probablement l’événement le plus important depuis les indépendances, il y a quarante ans. Les Chinois ne ressemblent pas aux anciens colons. Ils séduisent les peuples parce qu’ils construisent des routes, des barrages et des stades en échange de matières premières dont le continent regorge. Ils gagnent la confiance des chefs d’États car ils ne parlent pas de démocratie.
Paolo Woods a accompagné ces entrepreneurs sur les chemins de fer de l’Angola, à travers les forêts du Congo et les bars karaoké du Nigeria. Des campagnes sinistrées du cœur de la Chine aux fauteuils en cuir des ministres africains, le travail de Paolo Woods retrace l’aventure de ces Chinois lancés à la conquête d’une terre que l’Occident néglige. A travers ces images, c’est une nouvelle étape de la mondialisation qui se trouve représentée. La valeur de ces images est aussi dans leur rareté. Obtenir l’accès à ces travailleurs chinois ne fut pas une tâche aisée pour Paolo Woods, la Chine ne souhaitant pas s’étendre sur ses activités en continent africain.
Le travail de Paolo Woods ne se distingue pas seulement par la réalité politique qu’il décrit, mais aussi par sa recherche artistique: J’ai essayé de développer un langage visuel qui mélange le photojournalisme à une photographie plus classique: le portrait, explique-t-il. J’ai également joué avec des éléments de l’imagerie coloniale et la photographie de propagande, si chère à la Chine.
La série Chinafrica a fait l’objet d’une publication en collaboration avec le journaliste Serge Michel, rencontré en 1998 à Téhéran : La Chinafrique: Pékin à la conquête du continent noir (Grasset & Fasquelle, 2008), Michel Beuret, Serge Michel, Paolo Woods. Ils ont ensemble publié trois autres ouvrages: - Un monde de brut: Sur les routes de l’or noir (Seuil, 2003), Serge Enderlin, Serge Michel, Paolo Wood est un reportage sur le pétrole, qui a notamment emmené le photographe en Angola, en Russie, au Kazakhstan, dans l’état du Texas et en Irak. - American chaos: Retour en Afghanistan et en Irak 2002-2004 (Seuil, 2004), Serge Michel, Paolo Woods, emmène le lecteur dans deux pays dévastés par la guerre de George W. Bush et qui tentent de se reconstruire. - Marche sur mes yeux (Grasset, 2010), Serge Michel, Paolo Woods, brosse un portrait intimiste de la société iranienne.?
Paolo Woods. Né d’une mère néerlandaise et d’un père canadien, Paolo Woods a grandi en Italie. Il a vécu à Paris et est actuellement installé en Haïti. Il travaille sur des projets de longue haleine avec Serge Michel, directeur adjoint du Monde. Il collabore également avec des journaux et magazines tels que le Time, le Monde magazine ou Géo. Il a reçu de nombreux prix, notamment un prix World Press Photo en 2004 pour des photographies prises en Irak. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions en Europe et aux États-Unis.?