© Gabriela Lupu
Institut Culturel Roumain 1 rue de l'Exposition 75007 Paris France
Actuphoto s'est rendu à l'Institut Culturel Roumain pour rencontrer les Roms photographiés par Gabriela Lupu.
Gabriela Lupu capture des moments spontanés dans le quotidien des Roms, et leur demande parfois de poser devant son appareil. Elle nous propose une immersion dans la culture de ces communautés : les jeux des enfants, l'activité des femmes dans la cuisine, l'organisation des habitations. Toutes les générations se mélangent et posent avec fierté, donnant ainsi une leçon de dignité devant les difficultés de la vie : la pauvreté surtout, qui empêche aux enfants d'aller à l'école, aux plus vieux de se soigner, et aux jeunes de se marier.
Des visages paisibles, des taudis insalubres et des scènes de la vie, l'exposition nous présente des images fortes, servies par une bonne gestion de la couleur, une lumière particulière. Les yeux étincelant, les Roms continuent de se battre pour vivre et exister, malgré les obstacles.
Mattea Weihe et Marine Forestier.
Avis de la rédaction :
L'exposition est intéressante, et permet de mieux comprendre la communauté Rom. Toutefois, pour un sujet déjà traité par de nombreux photographes et journalistes, les photos n'offrent pas vraiment une nouvelle perspective.
La galerie
« Le sujet des Roms est délicat, autant pour la France que pour la Roumanie. Derniers représentants en Europe du nomadisme, leur culture est tellement différente de ce qu’on a l’habitude de connaître que cela s’écrase contre un mur d’incompréhension généralisée. Partis le plus probablement vers l’an 900 de l’Inde du nord, ces groupes nomades ont gardé leurs métiers et traditions dans leurs périples à travers l’Europe pendant les siècles qui ont suivi. Leurs groupes restreints, conservateurs de leurs valeurs et habitudes ont tenté de voyager sans cesse, permettant peu d’interaction avec les locaux, d’où le peu de compréhension vers leur culture. Certes, depuis, beaucoup se sont sédentarisés, intégrés ou assimilés, de leur plein gré ou pas, dans plusieurs pays. Que ce soit à cause de leur perpétuelle mobilité, à cause du fait que pendant des siècles ils ont été assouvis en tant qu’esclaves, donc traités avec infériorité, parce qu’ils parviennent à leurs besoinscomme bon leur semble, ou à cause de leur état d’esprit qui ne peut pas comprendre qu’on ne puisse pas se poser là où on en a envie, ils ont toujours subi l’exclusion sociale, la discrimination, la ségrégation et souvent la pauvreté. Laquelle est la cause et lequel est l’effet est tout aussi compliqué que de savoir qui a été en premier, la poule ou l’œuf.
Comprendre la culture Rom n’est pas possible sans sortir du paradigme culturel européen, qui, aussi diverse soit-elle, se retrouve toujours autour d’un fil commun de l’histoire. Le seul fil conducteur de la culture Rom est le désir incessant de voyager, la promesse de "l’ailleurs" qui est toujours meilleur que "l’ici". Pour le peu qu’il reste de nomades, notre culture "rangée" est de plus en plus à leur encontre. Est-ce que leur culture a le droit de survivre et de garder son authenticité ? Est-ce que leurs habitudes, parfois fâcheuses pour les autres, doivent-être acceptées comme faisant partie d’un autre paradigme de comportement ? Est-ce qu’ils devraient être intégrés ? Est-ce que cela voudrait en fait dire l’assimilation ? Cette exposition ne répond à aucune de ces questions. Elle essaye juste de documenter une minorité telle qu’elle est, apporter un peu plus d’information sur leur vie et leur culture, telle qu’elle est aujourd’hui. Loin des débats politiques, Gabriela Lupu réalise une recherche sociologique, sans jugement et sans conclusion. Mais chacun est libre de se poser les questions qu’il veut là-dessus… »
Katia Danil, Commissaire général des expositions
Vignette: © Gabriela Lupu