© 2006 Clay Enos
Trois ans après l'avoir lancé, l'agence VII (dont quelques un des membres - Joachim Ladefoged, Gary Knight et Ron Haviv entre autres - sont visibles en vignette, photo © Clay Enos), va dissoudre son réseau de photographes VII Network en octobre 2011 ; tous les photographes actuellement membres de VII Network devront alors postuler pour intégrer l'agence en tant que membres. Stephen Mayes, directeur de l'agence, et Dominique Viger, sa représentante en France, sont revenus auprès du British Journal of Photography et d'Actuphoto sur l'impact de cette décision.
Stephen Mayes précise que « cette décision s'inscrit dans la continuité de la façon dont VII a été créé » et se félicite « non seulement des performances photographiques » mais également de « l'énergie et la contribution que le réseau a apporté. » Cependant, la confusion des clients de l'agence devant ses différentes sections – VII comporte VII Photo, VII Network et VII Mentor – et entre les photographes co-propriétaires de l'agence et les autres - explique cette décision. Mayes précise : « ainsi, tous les photographes appartiendront à l'agence de la même façon. »
Ce changement, envisagé depuis plusieurs années et finalement décidé fin 2010 lors du meeting annuel des adhérents, affectera les seize photographes Lynsey Addario, Jocelyn Bain Hogg, Eric Bouvet, Andrea Bruce, Stefano De Luigi, Jessica Dimmock, Tivadar Domaniczky, Adam Ferguson, Ziyah Gafic, Ashley Gilbertson, Benedicte Kurzen, Seamus Murphy, Maciek Nabrdalik, Tomas van Houtryve, Donald Weber et Venetia Dearden, qui comptent parmi les plus grands photo-reporters au monde. Courant septembre, il leur sera proposé de postuler pour intégrer l'agence en soumettant leurs portfolios et leurs projets aux photographes membres, Marcus Bleasdale, Ron Haviv, Ed Kashi, Gary Knight, Antonin Kratochvil, Joachim Ladefoged, Christopher Morris, James Nachtwey, Franco Pagetti, Stephanie Sinclair, John Stanmeyer et les successeurs d'Alexandra Boulat, qui les évalueront et choisiront de les intégrer ou non. Mayes admet que tous les photographes du Network n'intégreront pas l'agence, entre autres parce que certains « pourraient choisir de ne pas postuler pour nous rejoindre ». Il nous indique ne pas s'attendre à un changement significatif dans le nombre de photographes représentés, et espérer ne pas en « perdre » trop.
© Photo Linsey Addario
En conséquence de cette nouvelle structure, VII prendra une cotisation obligatoire sur les revenus des membres. « On va adopter ce qui est déjà commun aux autres agences : un pourcentage sur tous les revenus que les photographes génèrent. On ne veut pas être onéreux, mais VII a une valeur, et les photographes représentés par l'agence bénéficient de cette valeur. Nous estimons que ça justifie une participation financière. » Cette cotisation pourrait atteindre les 10 %, en addition aux 60 % déjà prélevés par l'agence sur tous les ventes d'archives, et aux 35 % sur les commandes gérées par VII. « C'est un moyen de s'assurer qu'il y a un réel engagement de la part des membres » explique Mayes. Au téléphone, Dominique Viger, qui représente VII en France, clarifie la situation actuelle : « aujourd'hui, seuls les photographes membres investissent dans l'agence et y ont un pouvoir de décision. En contrepartie, les photographes du Network gèrent eux-mêmes leurs commandes, mais cela aboutit à deux niveaux de représentation ».
L'agence VII est consciente de l'impact que cette restructuration risque d'avoir sur les partenaires. « Nous reconnaissons que c'est un moment légèrement inconfortable pour beaucoup de photographes du Network parce que d'un côté il y a une promesse de gloire et de l'autre, bien sûr, il y a une incertitude personnelle. » dit Mayes. « Mais il fallait trouver un moyen d'inciter les photographes de VII Network à définir leur participation à l'agence, et pour l'agence, de trouver le moyen d'aller de l'avant » Jusqu'à ce que les photographes du Network soumettent leur candidature en septembre, date de fin de leur contrat, ils continueront à travailler de manière habituelle.
Sous sa nouvelle organisation, VII continuera à être divisé entre photographes co-propriétaires et non-propriétaires de l'agence – actuellement, tous les 11 membres de VII Photo ont investi dans l'agence. Ainsi, ils partagent « les bénéfices potentiels, en dividendes annuels, aussi bien que les risques » explique Mayes. Une des raisons pour lesquelles VII a choisi ce mode coopératif est de faciliter la prise de décision au sein de l'agence en évitant la multiplication des décideurs. Les membres propriétaires resteront seuls détenteurs du pouvoir de décision, mais l'agence invitera tous ses photographes aux grands meetings annuels. « Nous voulons entendre leurs idées et leurs contributions ».
© Photo Gary Knight
Des photographes non-membres de VII Network pourront également se porter candidats en septembre pour intégrer l'agence. « Nous attendons des portfolios de la plus large communauté de photographes possible » prévient Mayes. « Nous allons poster cette invitation sur le site internet de VII au début de l'été – il y aura une explication du processus de candidature. Bien que cette opportunité existe, nous ne nous attendons pas à en prendre beaucoup, mais il serait insensé de ne pas considérer des options venant d'ailleurs. ».
Bonne ou mauvaise nouvelle ? Stephen Mayes donne le ton : « Ce changement n'est que positif ! » L'agence VII, qui produit depuis sa création en septembre 2001 des sujets d'un très haut niveau photo-journalistique, se resserre en tous cas autour d'un noyau de photographes qui la soutiennent financièrement, illustrant l'attrait actuel du modèle coopératif.
Le site de l'agence VII : http://www.viiphoto.com/
Actuphoto, le 22 juin 2011.