© Dominique Darbois, Regard sur le bagne
Guyane, 1952. Partie à la rencontre des Indiens Wayanas, c’est par hasard que Dominique Darbois découvre les vestiges du bagne. Elle fixe alors sur sa pellicule les derniers témoins d’une histoire pénitentiaire française, qui, de 1852 à 1938 a exilé près de 100 000 hommes.
Sous son objectif, les bâtiments des Iles du Salut, la guillotine et les entraves se parent d’un voile presque poétique. Elle réalise de bouleversants portraits des derniers forçats restés en Guyane. Ces hommes, aux corps malmenés par des années de travaux forcés, qui malgré tout, posent et font bonne figure.
Le travail photographique de Dominique Darbois, artiste engagée qui a connu la Résistance et la déportation, est un hommage émouvant à ces hommes qui ont connu l’enfer vert.
"La photographie permet de faire reculer l'intolérance en élargissant le champ de vision dans le sens d'une meilleure compréhension d'autrui, en faisant reculer l'ombre au profit de la lumière."
Dominique Darbois
Dominique Darbois est née le 5 avril 1925 à Paris. Engagée dans la Résistance à seize ans, rescapée du camp de Drancy où elle demeure internée pendant près de deux ans, son attitude et son dévouement lui valent, au sortir de la guerre, d'être décorée de la médaille de la Résistance et de la croix de guerre. A cette expérience à laquelle elle estime avoir "miraculeusement" survécue, succède un premier voyage en 1945 qui la conduit sous l'uniforme de l'armée française en Indochine. En quelques années, l'adolescente traverse dans les pires conditions les épisodes les plus sombres et les plus douloureux de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Sa rencontre avec la photographie date de 1947 quand, de retour à Paris, Dominique Darbois assiste le photographe Pierre Jahn et apprend durant deux ans le métier qui va désormais être le sien. Dès lors elle multiplie les commandes, parmi lesquelles de nombreuses photographies de famille ou d'enfants. En 1950, elle participe à un premier livre consacré à André Gide et ses clichés sont reproduits dans l'ouvrage Gide vivant, accompagnés de textes de Jean Cocteau. Mais se rencontre avec Francis Mazière est déterminante et marque le début d'une longue série d'ouvrages photographiques réalisés à la suite de nombreux voyages.
Flanqués du caméraman Wladimir Ivanov, Dominique Darbois et Francis Mazière organisent en septembre 1951 une mission d'exploration chez les Indiens Wayanas, dans les monts Tumuc Humac, situés le long de la frontière entre le Brésil et la Guyane française. C'est à la suite de cette expédition qu'elle photographie les vestiges du bagne et rencontre dans le village des Hattes, des "vieux blancs", ces anciens forçats contraints à la résidence en Guyane après leur libération. Du mythique archipel des Iles du Salut, Dominique Darbois a rapporté des clichés saisissants, qui constituent, outre leur qualité esthétique, un témoignage de tout premier plan sur les bagnes guyanais et leurs occupants.
© Dominique Darbois, Peinture de Francis Lagrange Chapelle de l’île Royale
© Dominique Darbois, Quartier des cellules, île Royale