
« J'ai partagé le monde en deux, avous Alexandre Romanès. Ce qui est poétique existe pour moi ; le reste, je ne le regarde même pas. » Philippe Muraro, photographe, qui depuis vingt ans a signé plusieurs ouvrages dont une histoire du goût et un livre « collector consacré à la grande arche, pourrait reprendre à son actif la déclaration du poète-saltimbanque – publié chez Gallimard – inventeur d'une entité unique dans le paysage culturel européen : le cirque Romanès. Bien plus qu'un spectacle, ce cirque réunit une famille qui cristallise tout l'imaginaire tsigane : la témérité du beau geste, aux agrès ou sur un fil, le goût du chant profond des vallées de Transylvanie que l'on improvise comme autant d'odes à l'hospitalité, la saveur de l'instant qui transfigure le quotidien. Dans cette généreuse compagnie, rien n'est ordinaire, rien n'est trivial.Molière et sa troupe de l'Illustre Théâtre, à Pezenas, devaient ressembler à cette assemblée de talents qui sait prodiguer du bonheur, de la jubilation, avec une simplicité désarmante. Comme si, dans cet univers de l'exploit inlassablement répété, travillé, tout allait de soi. » Lucien Maillard