Tous les week-ends du mois d'août 2011 et le lundi 15, les villages de Marchin, Les Avins et Havelange, situés dans le Condroz liégeois et namurois accueillent les Promenades photographiques en Condroz. Cette 5e édition intitulée Si loin, si proche a pour thème l?Utopie. Elle propose une douzaine d'expositions (dont 8 expositions solos).
Les Promenades photographiques réunissent près de 50 photographes belges et étrangers, de jeunes créateurs ainsi que des artistes de renom international. Elles accueillent notamment le Collectif Tendance Floue (France) et une sélection d?œuvres provenant des collections du Musée de la Photographie à Charleroi. Cinq écoles supérieures de photo de la Communauté française sont également représentées par une exposition personnelle d?un de leurs élèves.
Les expositions sont organisées en milieu rural, dans des lieux charmants sur le plan architectural, patrimonial et paysager. Une des spécificités de ce projet biennal est d'inviter les habitants des villages impliqués à exprimer leur vision du monde dans l'Aube, structure mobile à vocation d'espace de discussion. Un travail d'animation implique tout particulièrement les adolescents.
Cet été, pour la première fois, les organisateurs proposent un circuit à vélo sur le RAVEL reliant Marchin et Havelange.
Les Promenades photographiques en Condroz sont une initiative du Centre culturel de Marchin en collaboration avec le Centre culturel d'Havelange, avec la participation extra muros du Musée de la Photographie à Charleroi, Centre d?art contemporain de la Communauté française Wallonie-Bruxelles. Le mois des Promenades sera ponctué par des animations diverses (café citoyen, cinéma, théâtre en plein air, …) proposées par les centres culturels organisateurs et des associations locales.
Notre époque hypertechnologique semble avoir rapproché, parfois jusqu'à les confondre ou les aplatir, des temps et des espaces qui pouvaient il y a cent ans encore paraître éloignés, exotiques, inconciliables. Standardisation, uniformisation, simultanéité sont à présent les maîtres-mots et les auxiliaires d'une idéologie capitaliste lissée qui semble régner sans partage, conforter la dictature du paraître, amortir les élans et satisfaire des besoins préfabriqués. Et pourtant… Si loin, si proches, d'autres vies sont possibles – ce n'est peut-être qu'une question d'accommodation ! Des vies qui ont suivi ou inventé une « troisième », une énième voie, ou qui ont tout simplement tenu à la leur. Des vies faites d'échanges et de trocs, de bribes de rêves ou d'utopies renouvelées, des vies d'espoir et de résistance, des vies inventées… Car dans cet entre-deux, dans cette élasticité chronique, espace de liberté et de solitude, se déploient aussi nos efforts pour rejoindre l'autre en nous dépassant, les tensions entre nos aspirations au sentiment, à la culture, au domaine du sens et de l'esprit. Et donc au monde de l'art, aussi bien : comment en effet ne pas songer à Walter Benjamin et à sa formule (« l'unique apparition d'un lointain, si proche soit-il ») à propos de ce qu'il reste de l'aura de l'œuvre, à l'ère de sa reproductibilité technique… et qui s'incarne notamment dans le visage photographié, expression d'un passé rendu présent, d'une distance qui nous parle en toute proximité.
Des communautés parallèles, marginales, fragiles ou pérennes, anachroniques ou avant-gardistes, loin de nous ou tout près, nous tendent un miroir où se lit à la fois qui nous sommes et ce que nous ne sommes pas. Ces modes de vie, sans le savoir, nous les côtoyons, nous les rejetons ou nous en faisons partie, parfois. Mais les voyages restent à faire. Si loin si proche : à travers la photographie et derrière ce titre (qui était déjà celui d'un film célèbre de Wenders), éloge paradoxal d'une intimité avec la distance et la différence, s'avance aussi une proposition, un vœu, presque une profession de foi : nos voisins demeurent à rencontrer, notre avenir reste à dessiner et nos mondes, pluriels davantage qu'il n'y paraît, sont à (ré)concilier.
Des photographes invités :
A Marchin (hameau de Grand-Marchin) : Le Collectif Tendance floue, Patrick Mourral, Emilia Stefani-Law .
A Les Avins : Michel Beine, Christian Carez, Bureau Baukunst...
A Havelange : Céline Clanet, Bernard Faucon et Patrick Bailly-Maître-Grand, Nick Hannes.
Et aussi : une Mission photographique confiée à Satoru Toma (Japon), la participation de cinq écoles supérieures de photographie de la Communauté française et les réalisations de groupes de jeunes de la région