© Maria-Letizia Piantoni
« "Observe la lumière et considère sa beauté. Cligne des yeux et regarde-la. Ce que tu vois n’y était pas au début et ce qui était n’est plus." Leonardo Da Vinci.
Rythmes de lignes, d’ombres et de lumières. Des voix imaginées ou alors réellement emprisonnées dans ces murs. Les photographies que je présente ici sont extraites d’une série de 40 images ayant pour titre Stanze.
J’ai commencé à suivre le travail de démolition de la première barre d’une cité de l’Ile Marante, en banlieue parisienne, au printemps 2007. J’ai toujours été attirée par l’architecture et par les jeux de lumière dans des volumes clos. Toutes ces pièces, pareilles et différentes à chaque fois, m’ont émue et attirée. Une
pièce ….. qui contenait d’innombrables répliques d’elle-même… A mesure qu’on regarde et qu’on pénètre ces espaces, ils deviennent émouvants. Il y règne un silence assourdissant. J’y suis retourné une infinité des fois, par tous les temps. J’ai suivi cette année la démolition du deuxième bâtiment que j’avais vu encore habité. Aujourd’hui ces deux barres n’existent plus mais je continue ma recherche sur d’autres chantiers et je retrouve souvent cet état d’apaisement et de contemplation.
J’ai la chance de pouvoir prendre mon temps dans ces lieux, et je suis presque toujours seule pendant plusieurs heures. Nous nous rencontrions avec les ouvriers pendant les temps de pose, ou on discute beaucoup, mais nous ne travaillons jamais
au même étage. Pendant les premières phases de la démolition, les changements sont graduels et on a tout le temps de regarder. Mais il y a trop d’informations partout, trop de gravats qui dénaturent les lignes simples des lieux. C’est après la phase de désamiantage que les espaces deviennent réellement poétiques à mes yeux. Quand il ne reste presque plus rien, et pourtant …. Un pense-bête est resté accroché au mur, à côté d’un dessin d’enfant … un mobile est encore au plafond d’une chambre qui n’existe plus. Les murs de séparation ont été abattus et les volumes acquièrent toute une autre signification.
Mais, dans cette phase de la démolition, tout va très vite. De l’extérieur le bâtiment est littéralement « dévoré » par grignotage. De pièces se retrouvent ouvertes sur l’extérieur et elle disparaissent en quelques heures.
© Maria-Letizia Piantoni.
Des couloirs éventrés, on est déjà dehors.»