© Gabriela Lupu, Lucretia, 62 ans dans sa cabane. Décor de publicité commun aux maisons de ce terrain
Institut Culturel Roumain 1 rue de l'Exposition 75007 Paris France
« Le sujet des Roms est délicat, autant pour la France que pour la Roumanie. Derniers représentants en Europe du nomadisme, leur culture est tellement différente de ce qu’on a l’habitude de connaître que cela s’écrase contre un mur d’incompréhension généralisée. Partis le plus probablement vers l’an 900 de l’Inde du nord, ces groupes nomades ont gardé leurs métiers et traditions dans leurs périples à travers l’Europe pendant les siècles qui ont suivi. Leurs groupes restreints, conservateurs de leurs valeurs et habitudes ont tenté de voyager sans cesse, permettant peu d’interaction avec les locaux, d’où le peu de compréhension vers leur culture. Certes, depuis, beaucoup se sont sédentarisés, intégrés ou assimilés, de leur plein gré ou pas, dans plusieurs pays. Que ce soit à cause de leur perpétuelle mobilité, à cause du fait que pendant des siècles ils ont été assouvis en tant qu’esclaves, donc traités avec infériorité, parce qu’ils parviennent à leurs besoinscomme bon leur semble, ou à cause de leur état d’esprit qui ne peut pas comprendre qu’on ne puisse pas se poser là où on en a envie, ils ont toujours subi l’exclusion sociale, la discrimination, la ségrégation et souvent la pauvreté. Laquelle est la cause et lequel est l’effet est tout aussi compliqué que de savoir qui a été en premier, la poule ou l’œuf.
Comprendre la culture Rom n’est pas possible sans sortir du paradigme culturel européen, qui, aussi diverse soit-elle, se retrouve toujours autour d’un fil commun de l’histoire. Le seul fil conducteur de la culture Rom est le désir incessant de voyager, la promesse de "l’ailleurs" qui est toujours meilleur que "l’ici". Pour le peu qu’il reste de nomades, notre culture "rangée" est de plus en plus à leur encontre. Est-ce que leur culture a le droit de survivre et de garder son authenticité ? Est-ce que leurs habitudes, parfois fâcheuses pour les autres, doivent-être acceptées comme faisant partie d’un autre paradigme de comportement ? Est-ce qu’ils devraient être intégrés ? Est-ce que cela voudrait en fait dire l’assimilation ? Cette exposition ne répond à aucune de ces questions. Elle essaye juste de documenter une minorité telle qu’elle est, apporter un peu plus d’information sur leur vie et leur culture, telle qu’elle est aujourd’hui. Loin des débats politiques, Gabriela Lupu réalise une recherche sociologique, sans jugement et sans conclusion. Mais chacun est libre de se poser les questions qu’il veut là-dessus… »
Katia Danil, Commissaire général des expositions