Musée de la Poste 38, boulevard de Vaugirard 75015 Paris France
« La nature est le thème de ma vie, mon art sort de cette expérience ».
C’est ainsi que s’exprime Nils-Udo, qui délaisse son atelier et la peinture en 1972, pour traduire de façon moins artificielle, la puissance créatrice de la nature. Il commence à louer des terres chez les paysans des environs de son village, pour y réaliser de vastes plantations d’arbres, d’arbustes et de fleurs ; il cueille des baies, dispose des pétales sur l’eau, dans des fissures, entremêle des branches, enregistre la course d’une feuille tombante, oriente l’eau et la lumière… faisant surgir dans et de la nature, de délicates installations minérales et végétales, aux dimensions variables, composées de matériaux trouvés sur place.
Délivrés de l’anonymat, inscrits dans la mémoire d’un lieu, ces réalisations se font « nids », « autels », « maisons d’eau »… sous les doigts de l’artiste qui les photographie ensuite, à leur plus haut point d’intensité, avant de les rendre à la terre, où elles subissent l’érosion du temps.
Pionnier, en Europe, de l’art dans la nature, Nils-Udo se démarque des artistes du Land Art, auquel il est abusivement rattaché. Ce courant de l’art contemporain, né aux Etats-Unis à la fin des années 60, qui rompt – comme lui-même le fera – avec les valeurs esthétiques traditionnelles, recouvre des projets de grande envergure réalisés en plein air par des artistes américains. Leur démarche est à l’opposé de la sienne, car ses interventions à l’extérieur, même lorsqu’elles sont monumentales, n’entraînent pas de métamorphoses irréversibles.
© Nils Udo
Nils-Udo dira lui-même : « Je ne connaissais personne qui thématise de manière aussi globale et fondamentale la vivacité de la nature. Ni les conceptions minimalistes d’un Richard Long, ni les travaux des artistes américains du Land Art, généralement peu sensibles à cette question, ne se réclament d’un tel dessein. »
En célébrant la nature comme il la célèbre avec ses installations, Nils-Udo nous oblige non seulement à redécouvrir ce que notre œil et nos sens ne perçoivent plus, mais nous place face à nous-mêmes, nous rappelant sans cesse notre fragilité.
Josette Rasle
© Nils Udo