Brigitte Ollier a recueilli les témoignages de ceux qui ont plus ou moins connu Hervé Guibert (1955-1991). De ses débuts au journal Le Monde grâce à Yvonne Baby à la réalisation de La Pudeur ou l’Impudeur, son film testament, tous évoquent avec émotion ce jeune homme secret, aussi à l’aise dans la critique photo que derrière l’objectif de son Rollei 35. Éclats d’une vie romanesque, Hervé éclaire l’écrivain-photographe, dont l’œuvre est, pour Christine Guibert, « comme un espace clos, totalement construit et fini. »
"J'ai toujours aimé la compagnie des morts, mais Hervé Guibert fut un fantôme si rebelle que je crus l'avoir importuné par mégarde. C'est pourtant lui qui s'était glissé dans mon sommeil, une nuit, sans avoir pris rendez-vous. Sa présence m'avait étonnée. Je ne l'avais jamais rencontré, il était déjà entré dans la légende. Je l'imaginais plutôt calme, et là, tel un boxeur déçu par le poids de son adversaire, il s'agitait. Il parlait avec de grands gestes mais je n'entendais pas ses paroles : c'était un rêve muet, dont il était le ventriloque." B.O.