Le photographe tchèque Miroslav Tichy est mort le 12 avril 2012 à l’âge de 85 ans. Il avait été reconnu au début des années 2000 notamment grâce à Harald Szeemann qui l’exposa à la biennal de Séville en 2004. Puis en 2005 il obtient le prix Découverte aux rencontres de la photo en Arles, et en 2008 le centre Pompidou lui consacre le quatrième étage. Ultime consécration de son vivant en 2010 où il expose à l’International Center of Photography de New-York.
Si cette icône de la photographie a mis tant de temps à se faire reconnaître c’est par choix. Né en 1926 en Moravie, Tichy doit arrêter ses études à l’Académie des arts de Prague avec l’arrivée des communistes dans les années cinquante. Il adopte alors une position de repli et part s’isoler dans la petite ville de Kyjov. Il abandonne la peinture et commence la photographie.
Le manque de moyen le pousse à créer lui-même ses propres appareils, ses propres objectifs et à développer ses clichés lui-même. Considéré comme « subversif » face au régime, il a souvent été interné ou incarcéré. Le photographe travaillait principalement sur un sujet : les femmes. Une fois développées et agrandies avec ses propres moyens, Tichy aimait vivre avec ses clichés, parfois froissés, flous, ou encore tachés par du café.
Plusieurs ouvrages ont été publié à son sujet, le sortant de l’Art Brut pour replacer sa démarche dans l’Art contemporain. Dans les ventes publiques ses clichés sont adjugés entre 1000 et 7000€. Une cote qui mériterait mieux, reste à savoir comment ses droits vont être gérés. Sa légataire Jana Hebnarova, et la Fondation Tichý-Ocean qui s’occupent de lui depuis des années, vont gérer ses droits dans un contexte difficile face à ceux qui tentent de s’approprier son œuvre.
Paris, le 15 avril 2011, Art Media Agency (AMA).