Sarondrano, village de pêcheurs, Madagascar, 2009 © Bernard Descamps
Galerie Camera Obscura 268 Boulevard Raspail 75014 Paris France
Après trente années durant lesquelles de nombreux voyages et séjours en Afrique se sont multipliés, Bernard Descamps a souhaité faire, sinon un bilan, du moins un arrêt sur images de ces lieux, de ces rencontres africaines, qui constituent une partie importante de son oeuvre. Cette exposition, et le livre qui l’accompagne, publié aux éditions Filigranes, constitue donc le résumé, en même temps que le choix des images marquantes, des travaux réalisés au Maroc, en Éthiopie, au Mali, en République Centrafricaine et à Madagascar, entre 1991 et 2011 (les premiers travaux africains, les paysages du Sahara réalisés au 24x36 ne sont pas montrés). Le regard de Bernard Descamps est graphiquement très construit et ses images sont marquantes pour l’oeil : certaines restent gravées dans l’esprit comme des emblèmes. Ainsi ce berger Peul, en 1997, au Mali, dont le vêtement pris dans les remous du vent dessine une magnifique sculpture en une paradoxale représentation du mouvement et de l’immobilité. Mais ce graphisme est tout sauf désincarné : jouant sur le déséquilibre, l’angle de vue décalé, la proximité avec le sujet, au risque d’en laisser une partie hors cadre, Descamps lui donne un dynamisme vivant et spontané, qui nous fait vivre au plus prêt du sujet, en empathie avec lui.
L’histoire de Bernard Descamps avec l’Afrique commence en 1982 : le coup au coeur de découverte du Sahara. S’en suit un livre préfacé par Tahar Ben Jelloun en 1987. Puis l’aventure des Rencontres Africaines de la Photographies de Bamako dont il est l’un des initiateurs avec Françoise Huguier, en 1994. Entre temps, Bernard Descamps a abandonné le format 24 x 36 pour voir le monde sur le dépoli d’un 6 x 6, dans ce format carré qui va lui donner dorénavant son équilibre. Il a commencé à photographier le fleuve Niger et les populations Peul qui vivent près de lui. Émerveillement et rencontres marquantes. Le très beau livre issu de cette expérience est publié par Filigranes en 2000. Cet éditeur est fidèle à Descamps et clos aujourd’hui ce cycle africain avec Quelques Afriques. Dans les propos recueillis par Brigitte Ollier, en postface de l’ouvrage, on trouve cette phrase qui résume bien l’état d’esprit dans lequel Bernard Descamps aborde le voyage, la photographie :
Lalibela, église Bet Medhane Alem, Ethiopie, 2011 © Bernard Descamps
« À l’aube de la photographie, l’émerveillement devant les peuples de la planète a été offert aux photographes voyageurs ; c’était un cadeau extraordinaire. Aujourd’hui, tout paraît à portée de regard, on a l’impression de tout connaître, mais c’est un leurre. Il reste tant à apprendre. La photographie est un échange. Chaque portrait est un instant de vie. J’ai de l’appréhension quand je photographie quel- qu’un pour la première fois ; il faut de la conviction et de la séduction, un peu comme un comédien qui monte sur scène. C’est pourquoi j’ai plaisir à revoir ceux que j’ai photographiés. Et je leur apporte des tirages, un geste de courtoisie et de reconnaissance. »