La pièce est couverte de portraits photographiques en noir et blanc. Il ne s’agit pas de portraits habituels : à coté des plus fameuses peintures du Louvre, photographiées par l'artiste, on trouve des portraits du personnel du musée : gardiens, directeurs, stagiaires, personnel d'entretien.... En entrant dans la pièce, on a l'impression que les yeux du Louvre regardent chaque visiteur – Pour obtenir cet effet, le photographe napolitain Mimmo Jodice (77 ans) a mis toutes ces paires d'yeux à la même hauteur. Un effet intéressant, qui rapproche oeuvres d'art et photo documentaire, mais se révèle vite épuisé.
Mattea Weihe
Après la rétrospective consacrée à Mimmo Jodice à la Maison européenne de la photographie en 2010, le Louvre est le premier musée parisien à accueillir de nouveau le grand photographe italien. Mimmo Jodice s’empare de la salle de la maquette, de l’aile Sully, de mai à août, afin d’y installer son nouveau projet, centré sur le regard : une galerie de portraits.
L’exposition présente une cinquantaine d’œuvres - portraits en noir et blanc - de dimensions sensiblement égales, entourées d’un mince cadre noir. Tous les yeux des personnes, alignés à la même hauteur, fixent le visiteur. En juxtaposant des photographies de portraits célèbres du musée avec des portraits de personnes contemporaines, fréquentant le Louvre pour le travail ou par intérêt, le photographe se lance dans une entreprise de double abolition : abolir le temps et la différence entre peinture et photographie. « Photographier un visage peint signifie le mettre au présent, annuler le temps et la différence entre deux langues, celle de la peinture et celle de la photographie. », écrit Mimmo Jodice. A travers cette « mise à plat » du temps, qui se donne à voir par la linéarité même de la succession des portraits dans la salle, le photographe montre la constance des sentiments à travers les âges : « Mon projet est de mélanger la réalité d’aujourd’hui avec celles des siècles passés et de montrer dans les visages d’hier et d’aujourd’hui les mêmes sentiments, comme la passion, l’anxiété, la noblesse, l’arrogance, la stupeur, l’ironie. » Le photographe propose ainsi une nouvelle rencontre entre peinture et photographie, pour faire parler au présent le riche passé du musée.