Fondation MAPFRE Paseo de Recoletos no 23 28004 Madrid Espagne
La FUNDACIÓN MAPFRE présente pour la première fois en Espagne les travaux du photographe Adam Fuss (Londres, 1961), du 27 janvier au 17 avril 2011. Cette exposition, montée en étroite collaboration avec l’artiste, est présentée par la commissaire Cheryl Brutvan, conservatrice en art contemporain au Norton Museum of Art de Floride (USA) et auteur de sa première rétrospective aux Etats-Unis.
Elle rassemble cinquante photographies de l’artiste, réalisées entre 1986 et aujourd’hui. Ses séries principales y sont représentées – Love 1992-1993, My Ghost 2000 – ainsi qu’un aperçu de ses créations plus récentes – Home and the World, 2010. Cette sélection réunit les oeuvres que l’artiste considère comme son travail le plus abouti, et recréée l’ambiance d’un lieu sacré qui donne l’opportunité d’un dialogue entre l’oeuvre et son spectateur.L’art d’Adam Fuss est une succession ininterrompue d’expérimentations, un corpus de révélations. Des occasions fantastiques, souvent inexplicables: lumière, eau, fleurs, oiseaux, lapins ou couleuvres peuplent ses images et les emplissent de beauté et de mystère.
A travers une évocation de la nature, Fuss dirige son art vers les sujets fondamentaux qui incarnent l’essence de la vie: la naissance, l’amour, la mort.
Métaphores et symboles se succèdent dans une expérimentation constante de moyens et techniques photographiques: sténopés en noir et blanc, photogrammes, daguerréotypes sont quelques-uns des dispositifs qu’utilise Fuss, rompant les barrières de la photographie conventionnelle, en s’inspirant des pionniers de la discipline, comme William Henry Fox Talbot (1800-1877), ou Louis Jacques Mandé Daguerrre (1787-1851). Ce choix d’utiliser des procédés anciens n’est pas motivé par des raisons “anti-technologiques”. Il ne peux pas être non plus considéré comme un nouveau romantisme. Fuss recherche plus simplement les outils les plus adaptés qui lui permettent de créer les oeuvres qu’il imagine.
Parmi les procédés privilégiés de l’artiste, le photogramme: Fuss commence à l’expérimenter en 1988. Dans l’exposition, son photogramme le plus ancien est la pièce Invocation (1992) issue d’une série de portraits de bébés.
Avec ce procédé, inspiré des “rayographies” de Man Ray dans les années 1920, l’artiste créée des abstractions stupéfiantes, en positionnant différents sujets directement sur une surface photosensible, exposée brièvement à la lumière.
Avec l’éclaboussure d’une goutte d’eau sur une surface plane, qui créée des ondulations concentriques, ou la silhouette d’un tournesol qui se décompose au contact de la lumière, Adam Fuss obtient des images d’une abstraction quasiment dématérialisée, déconcertantes.
En 1999, Fuss commence à expérimenter la technique du daguerréotype, pour sa série “My Ghost 2000-2009”: images de robes de baptême, de papillons, ou du corps d’un cygne aux ailes déployées; des thèmes symboliques, qui évoquent la perte. Le laborieux procédé, qu’il détourne pour créer des images éthérées, bleuies, paraît prendre à contre-pied le désir de permanence et de fixation du médium photographique. Ces images, qui provoquent une sensation abstraite évoquant la douleur et l’amour perdu, sont le résultat de l’union d’un procédé et de la sensibilité de l’artiste.
Une décennie plus tard, en continuation de My Ghost, l’artiste revient au daguerréotype, avec des motifs tels qu’un Paon blanc, ou bien une jarre en céramique. Son travail sur l’image du Taj Mahal (10 daguerréotypes réalisés à partir d’un négatif du XIXème siècle) est le point culminant de cette période.
Bien que ses images soient figuratives, ses sujets identifiables, les associations qu’elles portent en elles sont métaphysiques, voir émotionnelles. Au sujet de son travail Fuss dit : “je ne sens que j’y suis arrivé que lorsque j’ai créé une image que je ne peux plus m’empêcher de regarder. J’ai toujours eu la nécessité de produire des images qui aient l’effet d’un révélateur concret pour le spectateur (...) plus ou moins comme la sensation que l’on ressent en regardant un très beau visage, ou, peut-être, lorsque l’on se trouve confronté à l’inconnu”.