Fondation MAPFRE Paseo de Recoletos no 23 28004 Madrid Espagne
La FUNDACIÓN MAPFRE a le plaisir de présenter, pour la première fois à Madrid, l’œuvre du photographe français Eugène Atget (Libourne, 1857 – Paris, 1927). Artiste singulier, sa contribution à l’histoire de la photographie se révéla fondamentale et ses images énigmatiques inspirèrent, et inspirent encore aujourd’hui, un grand nombre d’artistes du XXe siècle.
Après avoir examiné plus de 4 000 clichés, les commissaires ont sélectionné 228 épreuves, toutes réalisées entre 1889 et 1924. Ces photographies dressent un portrait de la ville de Paris et de ses environs, et permettent de percevoir la nette évolution que connut l’œuvre d’Atget. Elles sont issues des fonds du Musée Carnavalet de Paris, de la George Eastman House de Rochester et des collections de la FUNDACIÓN MAPFRE.
Eugène Atget ne suivit pas de formation de photographe. Il arriva à la photographie en cherchant une source de revenus, et après avoir tenté sa chance dans d’autres domaines. Il débuta sa carrière en province mais rejoignit vite Paris, où il vécut ensuite jusqu’à la fin de ses jours. Atget travaillait dans l’anonymat. C’était une sorte de photographe commercial qui fournissait ce qu’il appelait des « documents pour artistes » : des paysages, des premiers plans, des scènes de genre et des détails destinés à servir de modèles à des peintres. Cependant, à partir du moment où il se consacra principalement aux rues de Paris, il commença à retenir l’attention d’institutions prestigieuses telles que le Musée Carnavalet ou la Bibliothèque nationale. Ceux-ci devinrent ses principaux clients.
Ces photographies de Paris nous font découvrir le meilleur Atget : celui qui nous présente une ville éloignée des lieux communs de la Belle Époque. Ses clichés du Vieux Paris révèlent des quartiers épargnés par les remaniements architecturaux définis par le baron Haussmann. Des rues et des immeubles déserts, des détails qui passent le plus souvent inaperçus, des cadrages austères et originaux : tout un ensemble qui offre un portrait collectif et mystérieux de la ville.
L’exposition est constituée de douze sections qui tendent à respecter les regroupements thématiques effectués par l’auteur lui-même: Petits métiers, types et commerces parisiens, 1898-1922 ; Rues de Paris, 1898-1913 ; Éléments décoratifs, 1900-1921 ; Intérieurs, 1901-1910 ; Voitures, 1903-1910 ; Jardins, 1898-1914 ; La Seine, 1900-1923 ; Rues de Paris, 1921-1924 ; La Zone, 1899-1913 ; et Environs de Paris, 1901-1921.
En guise d’appendice à cette série, 43 photographies de l’album de Man Ray sont également présentées ; il s’agit d’atmosphères et de types parisiens sélectionnés par l’artiste qui furent réalisés entre 1899 et 1926. Ceci permet de mieux comprendre l’intérêt que l’œuvre d’Atget suscita immédiatement auprès des surréalistes. Les premiers à reconnaître son talent et son caractère précurseur furent la photographe Berenice Abbott et Man Ray lui-même, qui s’érigèrent en défenseurs de sa photographie.
La technique employée par Eugène Atget était celle de la photographie du XIXe siècle. Il utilisait une chambre noire en bois à soufflet, très lourde, qui l’obligeait à faire usage d’un trépied. Grâce à ses négatifs sur plaques de verre, de 18 x 24 cm, il pouvait saisir avec une grande netteté les détails les plus infimes.
De même, ses tirages sur papier albuminé sensibilisé au nitrate d’argent étaient développés à la lumière naturelle, puis virés à l’or. Cependant, sa vision photographique était singulièrement moderne.
Celui qui inspira des artistes et des photographes tels que Brassaï, Cartier- Bresson ou Roger Livet — parmi les surréalistes — ou encore Walker Evans, posa également les premiers jalons de la photographie documentaire du XXe siècle.
Afin de souligner cet aspect documentaire, la FUNDACIÓN MAPFRE organise – avec la participation d’éminents spécialistes internationaux – un cycle de conférences qui aura pour but de démontrer l’influence exercée par les images d’Atget sur des photographes d’hier et d’aujourd’hui. Ce cycle débutera immédiatement après l’inauguration de l’exposition.
L’exposition rejoindra ensuite Rotterdam (Nederlands Fotomuseum de Rotterdam, du 24 septembre 2011 au 3 janvier 2012), puis Paris (Musée Carnavalet, du 17 avril au 25 juillet 2012), et enfin Sydney (Art Gallery of New South Wales, du 21 août au 15 novembre 2012).