Galerie l'Aquarium 132, Avenue du Faubourg de Cambrai 59300 Valenciennes France
La collection photographique du Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de- Calais sort de ses murs ! À l’occasion de cette troisième partie du cycle de collaboration entre le CRP et la galerie l’Aquarium, le CRP dévoilera quelques pièces de sa collection. Pascal Duthoit, professeur de photographie, et ses élèves de l’École Régionale Supérieure d’Expression Plastique de Tourcoing sont les commissaires invités pour cette édition. Lors de cette expérience pédagogique, les étudiants ont posé leur regard sur la collection du CRP et ont travaillé sur une confrontation singulière d’œuvres d’époques et de styles différents.
Parcourant la collection du CRP, deux travaux ont attiré l’attention de Pascal Duthoit et ses étudiants. Dans Fortress Europe, Tim Brennan revisite une image des troupes britanniques qui traversent un bourbier dans le val d’Ancre lors de la Première Guerre mondiale. Il l’a agrandie à échelle monumentale et l’a divisée en trente-deux parties. L’image se dissout jusqu’à ce que chacune de ces parties, séparée de son contexte, ne devienne qu’abstraction... Dans la série Autoroute A26, John Davies documente l’aménagement des paysages lors de la mise en place de l’autoroute A26 et, par la même occasion, met en avant les nombreux mémoriaux de la violence : cimetières et monuments témoignent des guerres successives qui se sont déroulées sur ce territoire.
Par le biais de temporalités différentes, ces artistes révèlent les traces d’une violence passée, imprégnée dans le territoire. L’association de ces deux séries prend d’autant plus de sens pour Pascal Duthoit et ses élèves lorsqu’ils imaginent qu’elles ont, pour sujet, un territoire commun. La force d’absorption de ces images est étonnante.
À côté de ces regards presque cinématographiques d’artistes sur un paysage donné, la photographie d’Eugène Atget campe une foule qui observe une éclipse à travers des lunettes. Cette photographie prise en 1912, juste avant la Première Guerre mondiale, nous confronte à cette concentration de regards qui fuient vers un ailleurs, comme voulant échapper à la réalité.
Enfin, voici la gravure puissamment photographique du Tombeau de Richelieu réalisée au XVIIe siècle par Charles Simonneau. Répondant à une commande officielle, cette gravure témoigne d’une certaine liberté prise par l’artiste. Elle sert, ici, de point d’appui à notre regard pour appréhender des œuvres contemporaines par rapport auxquelles nous manquons encore de recul. Cette pièce entrée dans l’histoire nous permet donc de soutenir cette confrontation entre diverses représentations d’une réalité.
Chacune de ces œuvres, à sa manière, affirme le parti pris artistique de son auteur. Cette proposition étonnante d’œuvres aux formes et aux styles divers, permettra au spectateur de vivre et de construire sa propre expérience.