Festival Images en Scène 42 rue du Chaudet 86100 Châtellerault France
Fragilité suspendue au cou de l’abandon, déséquilibre suspendu aux lèvres de l’extension, le corps du danseur frôle furtivement l’illusion de la chute. A cet instant, le corps tombe. L’instant d’après, il ne tombe plus. Entre deux, une poussière temporelle, piquée au vif, figée, photographiée. Et puis, comme après un rêve, la danse reprend le contrôle d’elle-même, implacable machinerie chorégraphique. Reste le trophée, le butin, l’image. Reste le témoin visuel de l’Instant.
Photographier la danse. Le photographe de danse saisit un moment impossible, un instant magique que personne ne peut véritablement voir pendant un spectacle : une parcelle du présent. La photographie de scène n’est cependant pas un témoignage neutre qui donnerait à voir au hasard quelques fragments épars du travail d’un chorégraphe. Elle est déjà, en elle-même un point de vue sur un spectacle.
Pour s’en convaincre il suffit de comparer. Deux reportages sur une même pièce réalisés par deux photographes différents ne raconteront pas forcément la même histoire. Celui-ci aura choisi de fixer tel ou tel instant, celui là aura privilégié un plan plutôt qu’un autre. Le premier retravaillera ses photos au tirage, le second préférera les laisser en l’état.
C’est que, par delà la maîtrise du geste technique, le photographe de scène est aussi un artiste. Un artiste discret qui doit savoir s’adapter à ce qu’un autre artiste, le chorégraphe, lui offre en pâture. Un artiste sensible portant un regard avisé sur un matériau éminemment fragile : le corps. Un artiste qui aime faire partager aux autres son travail, sa poésie, ses émotions lorsqu’il publie ou participe à des expositions.
Agathe Poupeney. Après quelques détours par la génétique et la communication Agathe Poupeney a définitivement succombé à sa passion pour l’image. Elle a débuté la photographie en autodidacte, simplement en photographiant ces petits instants de vie dans les rues de Paris et les concerts auxquels elle assistait. Mais il faut croire qu’elle avait du talent puisque son travail fut remarqué et publié par deux magazines culturels auquel elle a collaboré pendant plusieurs années.
De la musique à la scène, il y avait un pas qu’elle su franchir rapidement pour également photographier le cirque, la danse, le théâtre et l'opéra. « Mon domaine de prédilection reste le travail sur le corps dans la danse et le cirque. J’essaie de saisir ces instants de fragilité où le sentiment affleure dans l’expression et le mouvement du corps et transmettre l’émotion qui en ressort. Je cherche ces moments de rupture, secondes d’apesanteur où le corps se trouve entre deux états, ces instants d’abandon juste avant la chute, secondes d’éternité si vite évanouies… »
Entre 2003 et 2004, elle a réalisé au Centre National de la Danse une série de portraits en noir et blanc de chorégraphes. Agathe Poupeney est aujourd’hui photographe indépendante spécialisée dans le spectacle vivant. Elle collabore avec de nombreux journaux et magazines (Le Monde, Libération, Telerama…) et avec des structures culturelles comme l’Opéra de Paris, le Théâtre de la Ville, le festival Paris Quartier d’été, les Parcours de danse à Chamarande, les Bains Numériques à Enghien-les-Bains. Elle illustre aussi régulièrement le travail de nombreuses compagnies de danse et de théâtre. Un livre entièrement réalisé avec ses photos du spectacle Darshan de Bartabas vient de sortir aux éditions Zingaro.
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