Arsenal de Metz 3, avenue Ney 57000 Metz France
Musées de Metz métropole - La cour d'or 2 rue du Haut-Poirier 57000 Metz France
Les Fleurs, seules, restent d’une nature libre, la plupart du temps presque dissimulées au bord d’une route, le long d’un champ : un éclat, comme signe de la beauté (salvatrice) du monde.
Classiques images de Nature, les Ciels traitent plus particulièrement du détail, d’une prise, d’une « réalité atmosphérique » et du fugitif qui bascule d’un bloc, pour entrer complètement dans le tableau. C’est un moment du monde, qui perd son caractère géographique pour devenir météorologique, un moment de la journée, de la vue, qui devient un bloc de sensation.
Chaque Ciel devient alors unique et appartient tout entier au regardeur, qui va se l’approprier selon ses propres facultés perceptives, son rapport à l’histoire de la peinture et son histoire personnelle. Le geste photographique est ici amplifié dans son acte de coupe, de découpe, de prise en miroir. L’étendue du ciel, dans ses variations de couleur et de masse atmosphérique se bloque par rapport à l’horizon. C’est la lumière, dans l’indication donnée par le soleil ou le nuage, qui nous renvoie à la terre, à l’arbre, à l’expérience du sujet, le voyant. À l’absolu du paysage, dans son évidence première, pour dire à la fois le comment du monde et son commencement.
Les Figure(s) /1970-2003/, portraits et attitudes, sont motifs de recherche sur l’identité du modèle, et prétexte à inventorier les déclinaisons de la lumière dans la fixité et l’instant du regard photographique. Il s’agit de questionner le médium dans ses multiples déclinaisons, du photographique à la picturalité, entre moderne baudelairien et post-modernisme, matérialité et iconicité, précarité et monumentalité.
Jean Luc Tartarin est une figure locale. Photographe, professeur à l’ESAMM, il fut un des artisans de Metz pour la photographie dans les années 80.
En souhaitant dédier la Galerie d’Exposition de l’Arsenal à la photographie, nous avons voulu marquer notre attachement aux artistes qui nous sont proches, et Jean Luc Tartarin est l’un de ceux-là.
Les Musées de Metz Métropole avaient également, de leur côté, le projet d’une exposition. Nous avons réuni nos forces pour présenter sinon une rétrospective, du moins plusieurs travaux, séries de Jean Luc Tartarin.
— MICHÈLE PARADON, Déléguée Artistique de l’Arsenal « Marcher, ressentir, aller à l’intérieur des choses. Entrer dans l’épaisseur de la forêt me met d’emblée dans ce questionnement de la profondeur, me donne la sensation de rentrer à l’intérieur d’une image, dans une épaisseur qui a quelque chose à voir avec la picturalité tout en étant totalement photographique. » — JEAN LUC TARTARIN / Entretien avec Laurent Le Bon Les travaux récents de Jean Luc Tartarin réunissent plusieurs ensembles (les Grands Paysages, les Ciels, le Bestiaire, les Fleurs). Certains montrent effectivement des paysages au sens classique du terme, d'autres ce qu'on pourrait appeler des paysages partiels, des vues restreintes dans lesquelles viennent au premier plan un animal, des fleurs, des taillis, etc. Dans le cas des Ciels, il ne s'agit pas d'une vue restreinte mais d'un "détail" obtenu par un basculement du plan du tableau qui se trouve entièrement rempli par une des composants habituels du paysage générique.
Ces différents ensembles ont à l'évidence une très grande unité : ils sont traités en grand format, et dans une tonalité chromatique et lumineuse homogène. Chacun a sa particularité, l'animal, le ciel, les fleurs faisant signe vers des genres ou des sous-genres bien connus dans l'histoire de la peinture et de la photographie, avec autant de variations particulières. Mais ces travaux relèvent bien d'une même recherche, l'artiste nous ayant d'ailleurs habitués à de tels ensembles longuement mûris et déclinés avec rigueur. Toutefois, contrairement aux grandes séries précédentes, il n'a pas recherché ici un effet d'accumulation, l'épuisement en quelque sorte d'un certain protocole de travail. Il semble que la pure loi de la série et l'aspect le plus conceptuel de la démarche s'effacent maintenant par rapport à un autre enjeu, plus complexe et plus risqué aussi, puisqu'il s'agit de pousser la photographie jusqu'à l'extrême de ses possibilités descriptives — de sa capacité à dépeindre quelque chose — et d'explorer une zone plastiquement et théoriquement peu sûre, celle qui met au contact peinture et photographie.
— RÉGIS DURAND Notes sur les Grands Paysages et autres travaux récents de Jean Luc Tartarin