Galerie La Cymaise 174, rue du faubourg Saint Honoré 75008 Paris France
La transparence suggère de prime abord la pureté, la clarté, l’honnêteté, la fluidité, la translucidité, l’inconsistance, la quintessence, l’évanescence... Sa consonance est très évocatrice : le mot traîne un peu, revient sur luimême dans un petit jeu de miroir. Il semble coupé en deux et relié par un fil ténu comme si la première syllabe appartenait un monde indéfini, indéterminé, et la deuxième venait donner corps à ce qui n’en avait pas l’instant auparavant.
La transparence suppose qu’il y a un au-delà et un en-deçà de l’apparence.
Prise dans le sens de ce qui transparaît, elle exprime le moment de flottement ou de tension entre l’ombre et ce qui en sort, entre ce qui n’est pas et ce qui devient, ce qui est caché et se fait ou se rend visible, ce qui « transpire », émane d’un sujet.
Toute image photographique est, par essence, une transparence. C’est du reste ce qui rend le procédé intéressant puisqu’il donne au regard le moyen de fabriquer, de « créer » sa propre réalité qui n’est jamais « la » réalité même dans le cas de la photographie improprement appelée « objective ».
Edouard de’ Pazzi Il s’agit d’une rencontre unique autour d’un thème évocateur : la transparence, l’image cristalline. Qu’elle soit floue ou distincte, en clair-obscur ou en lumière solaire, saturée en couleur ou intensément cristalline, l’image est le produit de la technique photographique sous l’action de la lumière.
Edouard de’ Pazzi écrit dans le préambule de Memento Dori: « Si beaucoup de mes images tirent sur le noir c’est parce que la présence de la lumière y est plus forte, plus dense et parce que le noir a un pouvoir fécondant alors que le blanc résorbe, annihile, fait disparaître. Et cite: « [...] la couleur blanche est celle de l’effacement alors que la noire, loin d’être celle du vide et du néant, est bien plutôt la teinte active qui fait saillir la substance profonde, et par conséquent sombre, de toutes choses […] » (Michel Leiris, Aurora.) Cette lumineuse transparence s’exprime à travers des formes, des contours, des silhouettes, des corps. Saisir l’instant des surfaces sensibles, capter la perception du réel à travers un prisme, c’est savoir intercepter et surprendre la lumière.