Instituto Cultural de México 119, rue Vieille du Temple 75003 Paris France
L’inauguration de cette exposition { l’Instituto Cultural de México { Paris coïncide avec la célébration du premier centenaire de la Révolution mexicaine. Ceci n’est pas un simple hasard car il existe un lien entre les 60 photographies qui constituent l’exposition et les répercussions que le conflit armé de 1910 a provoquées sur l’esprit et la créativité de certains intellectuels et artistes.
Pendant les années vingt et trente, la photographie mexicaine évolue, { l’instar d’autres arts comme la peinture, la sculpture, le théâtre, le cinéma, la musique et la littérature. Elle se renouvelle avec des figures comme Manuel et Lola Álvarez Bravo, Emilio Amero, Raúl Estrada Discua, Arturo González Ruiseco, Agustín Jiménez, Eugenia Aurora Latapí, Luis M|rquez, Jesús Torres Palomar, entre autres. Ces derniers, { partir d’une tradition et en rupture avec celle-ci, se rétro-alimentent, s’influencent mutuellement et influent sur le travail de photographes comme Edward Weston, Tina Modotti, Sergei Eisenstein, Paul Strand, Henri Cartier-Bresson, Pierre Verger et tant d’autres créateurs étrangers qui ont transité par le Mexique, séduits par le paysage et un climat propice et novateur, à cheval entre une culture ancestrale et indigène et l’application originale d’impulsions avant-gardistes en vogue dans les arts en Europe et aux Etats-Unis.
Cette période qui voit se développer ce que nous appelons aujourd’hui l’avant-garde historique de la photographie mexicaine, se caractérise par l’intégration dans l’univers visuel d’éléments et d’objets qui auparavant n’intéressaient pas les artistes, ou par la réinterprétation des genres traditionnels traités par la photographie, comme le portrait, le paysage, l’architecture, les rites populaires, les luttes sociales et la vie quotidienne.
Les compositions abstraites, l’exil, le pur intérêt pour les textures, pour les reflets, les ombres et les hautes lumières, ainsi que l’utilisation de diagonales, distorsions, répétitions et points de fugue ont été intégrées au discours des photographes.
De nombreuses images produites à cette époque et dans cette veine avant-gardiste ont porté la photographie mexicaine au niveau international. Manuel Álvarez Bravo en particulier a apporté un prestige artistique à notre photographie, mais à ses côtés, comme nous l’avons évoqué, toute une génération a oeuvré { la “modernisation” de la photographie mexicaine, même si la majorité reste peu connue en dehors de la sphère nationale.
L’exposition “Ombre et Lumière. Photographie moderne mexicaine : Manuel Álvarez Bravo, Agustín Jiménez et Luis M|rquez”, aspire à construire un discours visuel qui débouche sur une brève réflexion autour de ce qu’a été notre avant-garde photographique et, d’une certaine manière, tente de faire sortir de l’ombre deux brillants photographes contemporains de Álvarez Bravo.
La sélection de ces trois artistes s’explique par l’existence de plusieurs points de convergence, rencontres et influences communes, notamment au début de leurs carrières professionnelles et durant l’affirmation de leurs styles personnels, { partir de la fin des années vingt et au cours des années trente. Tous les trois ont travaillé pour le Ministère de l’Education Publique. Ils ont publié leurs clichés dans les mêmes revues et journaux de l’époque comme Mexican Folkways, Revista de Revistas, Nuestro México, Todo, El Universal Ilustrado et Excélsior. Ils se croisent également { l’exposition collective “Guillermo Toussaint et onze photographes”, présentée { la Galerie d’art moderne, salle d’exposition du Théâtre national de Mexico en 1929, puis exposent au Campo Civil de Aviación, conjointement { Emilio Amero, dans le cadre d’un salon organisé par le Département des Beaux-Arts du Ministère de l’Education Publique, en 1931. Deux ans plus tard, en 1933, tous les trois réalisent des photographies pour illustrer le livre Escuelas Primarias du Ministère de l’Education Publique. Ils avaient tous un intérêt pour le cinéma, où ils ont travaillé comme photographes de plateau ou photographes de plans fixes.
L’exposition prétend établir un dialogue visuel entre les images de ces créateurs, mettant en lumière les singularités, les thèmes communs et un désir ardent de construire des imaginaires qui les ont ancrés de manière remarquable dans la culture mexicaine postrévolutionnaire.