Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Né en 1927 à Lens, Bernard Grasberg témoigne d'un parcours atypique. Il a été artisan photographe, ouvrier photographe, assistant caméraman, médecin. La photographie reste cependant sa préoccupation permanente depuis l'adolescence. À 17 ans, en 1944, il suit l'armée qui a débarqué en Provence. Il reste peu de choses de ce premier reportage puisque les négatifs lui seront volés. Après la guerre, il s'installe à Lille comme photographe. De cette période, date toute une série d'images faites dans la rue. Les murs, les corps, les visages portent la trace de la misère des restrictions qui ont étreint l'Europe pendant le conflit mondial. La vie reprend timidement. Les enfants malgré, leur vitalité, ont aussi été touchés par les effets du cataclysme. On est ému comme par les textes de Victor Hugo ou de Jack London en rentrant dans ces vues . Au côté de cette préoccupation humaine qui semanifestepar une approcheéaliste, Bernard Grasberg a d'autres intérêts en photographie. Lui aussi est marqué par le courant emmené outre-Rhin par Otto Steinert, « la nouvelle subjectivité ». Cela l'amène à expérimenter différentes solutions formelles. C'est cette part de sa démarche qui est relativement diffusée. En 1954, quelques pièces seront montrées, à Paris, dans la librairie qu'on appelle aujourd'hui Shakespeare and Co. C'est aussi une part de ce segment qui est conservé au musée Folkwang à Essen à la suite d'une exposition en hommage à Otto Steinert. Une autre partie de sa production est totalement méconnue, c'est la série consacrée à La PointeCourte d'Agnès Varda (1956). Bernard Grasberg y est assistant à la prise de vue et décide de garder une trace photographique de cette aventure. Son reportage s'intéresse aussi bien aux deux seuls acteurs professionnels, Philippe Noiret et Silvia Monfort, qu'aux pêcheurs de ce quartier de Sète. Sa forme même s'insinue dans le tournage, les décors naturels. Pour le Centre Régional de la Photographie Nord-Pas-de-Calais qui porte depuis plusieurs années une attention soutenue aux rapports entre photographie et cinéma, la démarche inédite de Bernard Grasberg sur un des premiers films de la « nouvelle vague » était inespérée. Ensuite, après avoir été photographe pour la Facultéde médecine deParis,Bernard Grasberg devient médecin. Son intérêt pour la photographie ne se dément pourtant pas. Il se passionne également pour la photographie ancienne, anonyme, trouvée chez les brocanteurs. L'exposition montée par le Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais est totalement inédite et marque, une fois de plus, qu'en photographie, il reste beaucoup d'œuvres cachées. C'est aussi le rôle d'un centre d'art de les révéler. Pierre Devin, mai 2003 © Bernard Grasberg