Naît le 22 janvier 1927 à Lens, d'une mère couturière à domicile et d'un père voyageur de commerce. Tous deux nés en Pologne, le père s'expatrie pour ne pas aller à l'armée, et dès son arrivée à Strasbourg, aurait été emprisonné parce que socialiste (environ 1920 ?) ; son dossier sera marqué de rouge ce qui aurait empêché toute naturalisation, alors que lui-même aura aidé beaucoup d'autres à devenir citoyens français. Il a toujours employé beaucoup de temps et d'efforts pour aider ceux qui venaient de l'Est, essayant de leur trouver points de chute en Amérique.
École communale : toujours deuxième, parce que le premier c'était Minz, dont les parents tenaient une minusculissime épicerie, à moitié occupée par un énorme tonneau de harengs. Lequel Minz j'ai retrouvé en 1945, avenue de l'Opéra, en habit de polytechnicien. À notre grande surprise et incompréhension, notre instituteur a fait un jour, vers 1939, une grande sortie contre les étrangers ; ça n'a rien changé à notre respect pour lui.
1939-1940 Collège de Honfleur, en mai, à 10 heures du matin, il fait noir : les cuves de pétrole du Havre brûlent ; ma grande sœur m'emmène jusqu'à Arcachon ; les deux souvenirs principaux : bombardement d'un aérodrome au bord duquel nous dormions dans l'herbe, avion qui pique sur le camion où nous étions entassés. À Arcachon, surprise d'entendre un soldat allemand parlant un français parfait. Le 22 juin 1941, revenant en barque, seul, vers la digue, celle-ci est couverte de soldats allemands silencieux qui regardent tristement la mer.
1941 Lycée de Bordeaux, occupé au deux tiers.
1942 Lycée de Grenoble, auberges de jeunesse avec D'Ovidio dont les parents sont épiciers en face de chez nous, et qui deviendra décorateur de cinéma ; son jeune frère sera pris un 14 juillet, et ne reviendra pas.
1943 Caché ; par mauvais accrochage de la bande (Leica), je rate la prise, par les résistants, de faux maquisards. 1944 À la libération, pour le journal communiste de Saint-Étienne, dirigé par Gérard Milhaud, gendre de Jean-Richard Bloch, reportage sur la libération de Lyon, alors coupé de SaintÉtienne ; pellicule volée sur le bureau du directeur par le directeur du journal voisin. Puis, remontée sur Paris, encore inaccessible à ce moment. Paris atteint, je n'ose entrer à « l'Huma », protégé par son habituelle bande de gros bras ; j'aurais pourtant été accueilli à bras ouverts, mais on est timide à cet âge.
1945-1947 École de Vaugirard, en section cinéma. L'année supplémentaire à l'HIDEC sera écourtée à cause d'un accident de la route subi par la sœur (le frère aîné était revenu avec la colonne Leclerc), (la sœur sous l'occupation, cachait des clandestins, souvent).
1948 Brièvement artisan-photographe à Lille, puis ouvrier-photographe à Paris, en tous genres de travaux ; développements et tirages en couleur grâce à un ami de la patronne, qui apportait des USA les matériaux non encore disponibles en France. Juste avant La Pointe Courte, un court-métrage, comme opérateur, pour l'Unesco, pour inciter les paysans siciliens à apprendre à écrire : « Mai troppo tarde ».
Puis petit à petit, entrée dans le cinéma. Quelques (très peu) images, en 1950, à « Subjective photographie », d'Otto Steinert. Une petite exposition, vers le même moment, dans la librairie Mistral.
1964 Chômage aidant : études de médecine. Année préparatoire de médecine, à la faculté de sciences : En début d'année scolaire : assassinat de Kennedy ; le professeur : « Dites-vous bien que n'importe lequel d'entre vous peut être amené à soigner inopinément, le Président. », «C'est la dernière année où vous serez en contact avec des scientifiques ».